Christian Lindner, ministre fédéral des Finances et président du FDP.
Christian Lindner, ministre fédéral des Finances et président du FDP.

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Contrairement à ce que prévoyait la Commission européenne, le moteur thermique ne disparaîtra pas en 2035. Le tout grâce (ou à cause) du FDP, le parti libéral d’Allemagne.

En 2035, dans l’Union européenne, il était prévu qu’un véhicule neuf serait forcément électrique. En bref, la Commission voulait bannir le moteur thermique. Un projet battu en brèche par l’Italie et surtout par l’Allemagne.  

La voiture électrique est un sacré pari. Verrons-nous un jour l’ensemble des véhicules convertis aux bornes ? Les carburants et les stations-service appartiendront-ils demain à un passé révolu ? Impossible de prédire l’avenir, mais il faut s’y préparer. La Commission européenne, dans ses projets, espérait convenir le continent au véhicule électrique dès 2035. En bref, fini le moteur thermique pour un véhicule neuf !

Et tant pis si l’industrie automobile de tout un continent est aujourd’hui en retard sur les technologies nécessaires. Le Conseil européen ayant adopté le projet, il n’y avait plus grand-chose à discuter, si ce n’est un éventuel rallongement des délais. Seulement voilà, rien ne s’est produit comme prévu.

Un projet torpillé malgré les convenances

Alors, il y a eu le coup de sang de Matteo Salvini, ministre italien des Transports, qui a estimé qu’une telle mesure serait « un suicide » et « un cadeau fait à l’industrie chinoise ». Un pavé dans la marre du politiquement correct. En Allemagne, la chose n’est pas passée inaperçue… Le puissant ministre fédéral des Finances, Christian Lindner, a imposé au chancelier Scholz de ne pas signer l’accord. Résultat, malgré le projet bouclé et ficelé, tout est à jeter à la poubelle. Quand Ferrari et Volkswagen s’allient pour tordre le cou à un projet, difficile de protester.

Christian Lindner n’est pas forcément un fervent écologiste. Il est le chef du parti libéral-démocrate FDP. Son parti est le troisième pilier de la coalition au pouvoir à Berlin, qui rassemble donc sociaux-démocrates, écologistes et libéraux. Un drôle d’alliage ! Cet homme peu adepte de la pensée unique défendait déjà vigoureusement les mines de charbon et s’insurge volontiers contre le programme des écolos.

Christian Lindner, le selfie-made-man de la politique allemande

Ce passionné de Porsche est plutôt du genre à aimer Boire, fumer et conduire vite pour reprendre le titre d’une pièce de théâtre de Philippe Lellouche. Cet homme volontiers bling-bling est aussi assez « eurosceptique », en fidélité à la ligne de son parti. C’est la grande différence entre les centristes français et leurs collègues allemands. Les premiers sont souvent fédéralistes voire eurolâtres, tandis qu’outre-Rhin, les gens du FDP sont volontiers adeptes du « Germany First ».

Christian Lindner le prouve aujourd’hui encore en plaçant l’intérêt supérieur du secteur automobile allemand avant toute autre considération.

En France, le patron du groupe LR à l’Assemblée nationale, Olivier Marleix, s’est félicité de l’abandon du projet bruxellois : « Une fois n’est pas coutume : c’est l’Allemagne qui sauve l’industrie automobile française là où M. Macron avait déjà capitulé. » Nicolas Doze, éditorialiste de la chaîne BFM Business, se réjouit à son tour du maintien du moteur thermique. Il fustige le projet d’Ursula von der Leyen : « Comme toujours, quand vous faites des choix politiques qui sont dictés par une ambiance, sans étude d’impact, vous êtes obligés de renoncer ».

Très brève histoire du FDP

Fondé après la Seconde Guerre mondiale, le FDP est depuis lors le traditionnel faiseur de rois des coalitions gouvernementales. Allié tantôt à la CDU (centre-droit) ou au SPD (centre-gauche) il se taille souvent la part du lion. On a toujours besoin d’un plus petit que soi ! Son importance, assez variable, oscille au fil des élections entre 4,8 et 14,5 %.

Parti volontiers atlantiste et favorable à l’économie de marché, il fut longtemps accusé d’avoir été, après la guerre, une sorte de « machine à laver » pour d’anciens nazis désireux de revenir dans le jeu politique. En 1989, après la chute du Mur de Berlin, le FDP, sans être hostile à une Réunification à terme, défend l’idée de maintenir en RDA « une zone économique spéciale » à intégration lente.

Dans les années 2000, le parti assume un temps un virage à droite, désireux d’imiter le FPÖ autrichien (Parti de la Liberté d’Autriche) en réclamant notamment des mesures sur l’immigration et une baisse des impôts façon Poujade. Ce drôle de parti, surfant entre respectabilité et démagogie, est une incongruité en Europe, où les partis centristes sont souvent bien plus sages.

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