Le dividende salarié fait débat

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Le « dividende salarié » ne semble ravir personne, ni les patrons ni les principaux concernés…

Taxer les superprofits ou mettre en place des dividendes salariés L’exécutif explore toutes les options pour rétablir un peu d’égalité entre les salariés et leurs patrons. Mais une mesure comme celle-ci requiert réflexion car les facteurs à prendre en compte sont légion. Autant que les intérêts disparates.

44,3 milliards d’euros versés aux actionnaires du CAC40 lors du deuxième trimestre de l’année 2022. Un nouveau record qui ravit en hautes sphères. Mais cette opulence – trop – bien gardée a tendance à irriter les Français. Alors, le gouvernement réagit et lance les dividendes salariés. En bref, les entreprises qui versent des dividendes à leurs actionnaires seront contraintes d’en verser également à leurs employés. Une manière efficace – sur le papier – d’apaiser les tensions sans toucher aux coûts fixes des sociétés en question.

Le scepticisme des grandes entreprises

L’Association française des entreprises privées (l’Afep) n’a pas l’air d’accord avec le constat général. L’écart entre actionnaires et salariés ? Des foutaises ! Le directeur général de cette organisation, Jean-Luc Matt, a déclaré mercredi 14 décembre : « Dire que la valeur est insuffisamment ou mal répartie entre les parties prenantes dans les entreprises, notamment entre le capital et les salariés, n’est pas, du point de vue des grandes entreprises, quelque chose qui correspond à la réalité. »

Dans les faits, les 114 entreprises qui composent l’Afep (dont Air France-KLM, Engie, L’Oreal, etc.) ont effectivement reversé de très larges montants à leurs employés. 108,6 milliards d’euros sur un an exactement. Dont 100 milliards en rémunération brute et le reste en prime. Mais ce que semble omettre Jean-Luc Matt, c’est la proportion. Ils sont 2,1 millions d’employés à se partager cette manne. Bien plus que la poignée d’actionnaires qui se partagent les 44,3 milliards sur 3 mois que l’on évoquait plus haut.

Le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, exprime lui aussi sa désapprobation. Le « patron des patrons » estime que les systèmes actuels pourraient être améliorés sans en créer de nouveaux. En encourageant justement l’actionnariat salarié. Au-delà de ça, il regrette que le gouvernement s’immisce dans ce genre de dossier. « On va négocier. Ce qui serait bien, c’est qu’on arrête de dire à l’avance ce qu’on doit faire quand on négocie », fustige-t-il.

PME et syndicats s’inquiètent aussi

Au Medef, on se pose aussi la question des patrons de PME. Les contours de la mesure restent flous sur cette notion, malgré un Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, qui se veut rassurant. Il exprimait en novembre son souhait de ne pas mettre sur le même plan les PME et les grands groupes. Il a tout de même rappelé que toutes les entreprises seront concernées. À cela, Geoffroy Roux de Bézieux répond que très souvent, les dividendes d’une PME ou TPE correspondent à la simple prime du patron. Très souvent bien méritée pour ces entrepreneurs qui ne comptent pas leurs heures. 

De leur côté, les syndicats de travailleurs ne sont pas emballés. La CGT a déjà fait savoir qu’elle refuserait cette mesure et la CFDT attend de voir. Mais de manière générale, les dividendes salariés ne semblent pas ravir la cible visée. Si certains y voient une forme de justice sociale, les syndicats mettent en garde contre le caractère vicieux d’une telle loi. Elle pourrait substituer les vraies augmentations de salaires stables et pérennes. Les organisations craignent aussi que les employés de PME soient moins bien lotis. Ce qui avantagerait, à terme, le recrutement dans les grands groupes. Peu importe, le gouvernement en Robin des bois des temps modernes avance tête baissée. Et semble bien décidé à mener son projet jusqu’au bout… quoi qu’il en coûte.

1 COMMENTAIRE

  1. le dividend salarié pose le débat du partage de la valeur. Préférons le débat de la construction équilibrée de la richesse, pour constater que les entreprises française naviguent avec 5 pt d’ebita de moins que leurs homologues européens. L’état doit prélever moins et se réformer, ce qui permettra alors de partager plus. “parler de dividend salarié c’est changer le sens des mots, faut il alors parler de ” salaire d’actionnaire” ? Il y a déjà de multiples manière de rendre actionnaires les collaborateurs. L’état veut utiliser des outils de temps long pour régler un sujet de temps court ( pouvoir d’achat). A votre dispo si vs voulez creuser . bl

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

J’accepte les conditions et la politique de confidentialité

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.