Le deuil au travail

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« Lorsque la souffrance d’un être vivant ne vous émeut pas, le terme humain ne vous définit plus », Sandrine Fillassier, écrivaine.

Quoi de plus normal que de ressentir un choc lorsque l’on a connu la perte d’un être cher ? Et pourtant, encore aujourd’hui, nombre d’endeuillés masquent leur peine, notamment en entreprise. Parce qu’on ne mélange pas la vie pro et la vie perso. Absurde, non ?

Si le deuil est personnel et propre à chacun, le manque de soutien dans l’entreprise a de lourdes conséquences. Comme plus de maladies, de démissions, de ruptures conventionnelles. Bref des pertes d’emploi. C’est pourquoi l’accompagnement des situations de deuil dans la vie professionnelle fait partie intégrante des enjeux liés à la santé au travail, l’inclusion, le soutien aux aidants et la prévention des risques psychosociaux.

Politiquement, les enjeux autour du deuil au travail sont abordés par le nombre de jours de congés à la suite d’un décès. Débat qui a fait l’objet de trois propositions de loi cette année. Le président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux estime possible « d’en discuter ». Plaidant pour l’allongement du congé de deuil et pour l’alignement de sa durée légale, l’association Empreintes vise aussi un meilleur accompagnement. Le projet de loi sur la fin de vie pourrait aller en ce sens.

Un guide à destination des entreprises

Un salarié sur deux se voit confronté à un deuil dans le cadre professionnel et un manager sur trois a un collaborateur en deuil dans son équipe. Avec 34 jours d’arrêt de travail par an en moyenne liés à un deuil, le coût des indemnités journalières s’élève à 700 millions d’euros par an. C’est simple, après un deuil 11 % des salariés quittent leur emploi. Comment anticiper ces situations, soutenir et accompagner dans la durée les collaborateurs en deuil ?

Alors, pour briser le tabou, l’association Empreintes a publié un guide destiné aux chefs d’entreprise, aux DRH et RRH, aux acteurs de la santé et du travail social, et aux managers. Parrainé par trois ministres, l’outil a été présenté le 22 juin depuis le ministère de la Santé et de la Prévention.

Le témoignage de Bruce Toussaint

Le deuil au travail
«Heureusement elle n’a pas souffert», Bruce Toussaint

Le 5 avril, paraissait le livre de Bruce Toussaint, Heureusement elle n’a pas souffert, aux éditions Stock. Un titre volontairement ironique puisque comme le dit l’auteur : « Mais qu’est-ce que ça change, après tout ? ». Le populaire présentateur de BFMTV se livre sur la disparition de ses parents, partis trop tôt.

Un témoignage tout en pudeur, vibrant, fort et sincère, avec pour objet de faire évoluer les mentalités sur le sujet, et surtout d’en parler. « Et alors ? Tout le monde est amené à perdre ses parents. C’est dans la nature des choses. Je le sais, et j’ose à peine m’en plaindre, mais pourquoi étais-je si mal préparé à ces disparitions prématurées ? Et pourquoi ai-je tant de difficultés à surmonter cette double absence, cette double peine ? », raconte Bruce Toussaint dans son livre.

Vers une évolution de la législation

Tout comme le journaliste Bruce Toussaint, un sénateur veut augmenter le nombre de jours de congés pour un salarié qui a perdu un membre proche de sa famille. Une proposition de loi du sénateur Stéphane Le Rudulier (LR, Bouches-du-Rhône) prévoit de porter à cinq jours, au lieu de trois, la durée minimale de congé pour les salariés et agents publics en cas de décès d’un conjoint, d’un partenaire lié par un pacte civil de solidarité, d’un concubin, d’un parent, d’un beau-parent, d’un frère ou d’une sœur.

Le sénateur des Bouches-du-Rhône rappelle que ce type d’événement « n’a pas la même résonance pour chacun » et que les personnes en deuil devront se confronter au même moment à un « mur administratif ». Il souligne qu’il faut en effet se soucier des impôts, de la succession des biens immobiliers, cela, « alors même qu’on est dans un état psychologique très difficile ».

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