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L’alerte retentit depuis déjà un moment. En 2021, le marché du bio semblait poussif et reculait de 3,1 % par rapport à 2020. À l’aube de 2022, cette tendance s’était encore accentuée. Aujourd’hui, il est temps de faire le bilan.
Légume, fruit, œuf, lait … Tout y passe. Le recul des ventes dans le bio n’épargne aucun produit. -18 % pour la farine, -12 % pour le beurre… Au final, l’ensemble du marché recule de 10 % sur un an, le tout à l’approche des fêtes. À l’heure où l’inflation enflamme les prix dans les grandes surfaces, les premiers produits à en pâtir sont évidemment les plus onéreux. Les clients reviennent – peu à peu – à un mode de consommation moins responsable… mais plus économique.
La fin du rêve
Le marché du bio a été lucratif pour beaucoup d’agriculteurs et de revendeurs ces dernières années. De plus en plus de producteurs ont pris ce virage. Finalement, tout cela a mené à une bulle spéculative qui commence à montrer quelques limites. Tous les acteurs de ce marché doivent maintenant faire face au même problème : la surproduction.
Pourtant le bio a longtemps été encouragé par certains acteurs politiques et idéologiques. Les produits labellisés ont pris de plus en plus de place dans nos grandes surfaces. Sauf que les consommateurs ne suivent plus. Ces aliments, qui peuvent être jusqu’à 50 % plus chers que leur équivalent sans label, n’intéressent plus grand monde.
« Personne ne nous a dit de faire attention, que le bio concernait seulement 4 % des achats, et que l’offre ne devait pas dépasser la demande », témoignait déjà une agricultrice arboricole à l’AFP en août dernier. Comme elle, des centaines de fermiers et d’agriculteurs se retrouvent aujourd’hui avec un stock trop important sur les bras. Ce qui met en péril leur santé financière.
Une image qui s’érode
Après le green washing, doit-on s’attendre au bio washing ? En tout cas, certaines affaires pourraient l’évoquer. En 2021, la chaîne de magasin Biocoop se retrouve au beau milieu d’un conflit social. Dans plusieurs enseignes, les salariés révèlent que les conditions de travail ne sont pas bonnes. Les méthodes de gestion et management ressembleraient trait pour trait à celles des grandes surfaces traditionnelles. Une trahison pour le client qui fait confiance à Biocoop en raison des valeurs véhiculées par l’enseigne…
Le « consommer responsable » s’inscrit dans une démarche plus large que le seul label bio. Les consommateurs qui ont encore les moyens de s’offrir des produits plus chers – mais de meilleure qualité – se penchent vers des labels qui rémunèrent plus équitablement les producteurs et qui garantissent des produits de saisons. Les circuits courts sont également plébiscités. Aujourd’hui, le label AB (Agriculture biologique) ne garantit aucun de ces critères.
Les nouvelles étiquettes BFE (Bio Français Équitable) et Bio cohérence tendent à se démocratiser, allant dans le sens des nouvelles priorités des consommateurs. Le désamour pour le bio n’est donc pas si catégorique. Il suffit juste de l’englober dans une démarche encore plus responsable…