L’Agence internationale de l’énergie recommande de s’éloigner de Gazprom

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À la demande de l’Agence internationale de l’énergie, les pays de l’Union européenne ne devraient pas renouveler leurs contrats d’approvisionnement en gaz russe.

La décision est historique et lourde de sens. Les pipelines de Gazprom, qui assurent près de 40 % de la consommation gazière du Vieux Continent, pourraient se tarir. Plutôt que de se projeter sur l’avenir de l’approvisionnement énergétique à long terme, la communauté internationale et les voisins de la Russie prennent le chemin d’une réduction immédiate de leur dépendance vis-à-vis du pays de Vladimir Poutine. Une sanction internationale XXL et un durcissement généralisé de la réponse à l’invasion de l’Ukraine qui pourrait bien bouleverser les rapports de force en Europe.

Selon un sondage réalisé par Elabe pour Les Échos, Radio Classique et l’Institut Montaigne, 60 % des Français·es se disent favorables à un durcissement des sanctions adoptées par l’Union européenne et les États-Unis contre la Russie, pendant que 72 % pensent que l’impact de ces sanctions sur l’économie française sera important. Et le gouvernement français s’est emparé du problème : Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances, parlant même de « guerre économique et financière totale à Russie, à Vladimir Poutine », avant d’atténuer ses propos quelques heures plus tard, tout en assurant que « nous allons provoquer l’effondrement de l’économie russe ».
En parallèle, la Commission européenne doit présenter la semaine prochaine ses mesures pour réduire notre dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie, qui cristallise les enjeux diplomatiques en ce début de conflit. De son côté, l’Agence internationale de l’énergie (AIE), qui rassemble les grands pays consommateurs, n’a pas attendu pour livrer ses suggestions à ses pays membres en la matière. Sa recommandation : ne pas renouveler les contrats d’approvisionnement signés avec Gazprom et qui arriveront à échéance au cours des prochains mois.

Des contrats colossaux

Une suggestion sous forme de signal politique fort, et de sanction aggravée et très concrète. Et les contrats dont il est question assurent une part considérable de l’approvisionnement européen. En effet, ceux-ci assurent « plus de 15 milliards de mètres cubes par an » de gaz, comme le rappelle Fatih Birol, le directeur général de l’AIE. Aussi, lors d’un point presse pour présenter les prochaines sanctions, la commissaire européenne à l’Energie, Kadri Simson, et la ministre français de la Transition écologique, ont rappelé que ces contrats arrivant à expiration dans les prochains mois représentent « environ 12 % » des ventes de Gazprom aux pays européens. L’idée de l’AIE consiste donc à économiser ces montants, en réduisant la pression russe et la dépendance gazière de l’UE, qualifiée d’ « arme économique et politique aux mains du Kremlin ».

Le défi de la diversification des approvisionnements

Aussi, l’AIE suggère de prolonger cette décision en diversifiant les approvisionnements européens, notamment en augmentant les importations en provenance de Norvège, d’Azerbaïdjan ou de gaz naturel liquéfié (GNL) des États-Unis. Si cette diversification est menée à bien, l’AIE estime que quelque 30 milliards de mètres cubes supplémentaires pourraient être mobilisés, et donc non commandés à la Russie. Une diversification qui devra aussi s’accompagner de l’accélération du déploiement des énergies renouvelables, en tant qu’alternative au gaz naturel. Le calcul est simple : en simplifiant les procédures administratives pour l’exploitation des panneaux photovoltaïques et des éoliennes déjà existantes, les membres de l’UE pourraient à nouveau se passer de 6 milliards de mètres cubesde gaz russe importé, pour alimenter leurs centrales électriques.

Au total, selon les estimations de l’AIE, l’ensemble de ces recommandations mises bout à bout doivent permettre de réduire les achats de gaz russe « de plus d’un tiers » dès l’hiver prochain. Et ce sans augmenter les émissions de gaz à effet de serre.

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