« La REF » : c’est qui le patron ?

Elisabeth Borne lors de la REF

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La « Rencontre des Entrepreneurs de France » (la REF) s’impose comme le rendez-vous de la rentrée dans le monde des affaires.

Le Medef y convie les acteurs politiques et économiques à un dialogue sans ambages. Pourtant, pas toujours aisé d’éviter la langue de bois…

Nuages gris sur l’hippodrome de Longchamp. La REF, qui s’investit à chaque fin août dans ce lieu proustien habituellement réservé aux courses de pur-sang, ne profite pas cette année d’un ciel bleu dégagé. Un peu comme l’économie. Entre la guerre en Ukraine, le climat qui s’affole et la crise énergétique qui vient, il y a de quoi redouter l’hiver. Après l’introduction en visioconférence par Volodymyr Zelensky, puis celle de Geoffroy Roux de Bézieux, le porte-parole des patrons (et organisateur de l’événement), ce fut au tour de la Première ministre de s’exprimer depuis les pelouses de l’hippodrome. Avec son pardessus mauve, Élisabeth Borne a sonné la fin de l’insouciance estivale (si elle était encore de mise). L’hiver sera rude : il y aura peut-être des « rationnements » énergétiques ; « pour les entreprises dans un premier temps ». Ce n’est pas tout : la Première ministre n’a finalement « pas fermé la porte au principe d’une taxe sur les superprofits ». La « porte entrouverte » provoque un courant d’air glacé dans l’assistance. Au premier rang, Geoffroy Roux de Bézieux cache à peine sa crispation. Il ne veut pas chauffer la rue.

Divine surprise pour lui, le lendemain, toujours à Longchamp, Bruno Le Maire vient démentir les propos… de sa supérieure hiérarchique, sa patronne. « Je ne sais pas ce que c’est qu’un superprofit », a-t-il clamé devant une salle soudainement ragaillardie. Il va falloir que « la Première » l’explique au second.

Entre Attal et Wauquiez, des escarmouches budgétaires

Mardi 30 août, neuf heures. Deuxième jour de « la REF ». Il y a de la rosée qui perle sur l’herbe bien tondue de l’hippodrome. Dans les tribunes, les dames enfilent parfois une petite laine. Gabriel Attal et Laurent Wauquiez se retrouvent sur scène, entourés d’Anne-Laure Kiechel, PDG de Global Sovereign Adisory et d’Éric Monnet, professeur à l’école d’Économie de Paris. Tous débattent de la dette, sous un angle un peu différent qu’à l’accoutumée : « peut-on être libre et surendetté ? ». La réponse est presque dans la question. Le ministre du Budget, défenseur passionné d’Emmanuel Macron, a maille à partir avec le bilan du quinquennat précédent, où la dette a bondi de 700 milliards. Covid oblige ? En face, Laurent Wauquiez a beau jeu de lui répondre : « Contrairement à l’idée qui s’est installée dans notre pays, la mauvaise gestion n’est pas une fatalité. En Auvergne-Rhône-Alpes, nous avons montré qu’il est possible de lutter contre le gaspillage de l’argent public. Résultat : pas de dette ni d’impôts supplémentaires. »

Gabriel Attal rétorque et se plaint de l’attitude des députés LR à l’Assemblée : « C’est facile d’affirmer sur les plateaux télévisés qu’on est pour réaliser des économies, pour se lancer ensuite dans une vaste partie de ‘qui veut cramer des milliards’ quand on est dans l’hémicycle. Il faut travailler tous ensemble, sans tabous, et avec l’esprit de compromis. » LREM et LR n’ont pas l’air d’accord. Pourtant, il faudra bien qu’ils parviennent à s’entendre pour que le budget de la France soit voté à l’automne…

Peut-être devraient-ils demander à Florent Le Du de les rabibocher. Pour ce journaliste de L’Humanité présent à « la REF », Wauquiez et Attal, c’est « bonnet blanc et blanc bonnet », comme aurait dit l’ancien candidat communiste Jacques Duclos.  Le titre de son article tombe comme le couperet : « Attal-Wauquiez : duel au sommet de l’austérité. » Austérité, saine gestion, gabegie… Des communistes à Wauquiez en passant par Attal, tout n’est finalement qu’une question de point de vue.

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