Drôle de scénario pour la France d'Emmanuel Macron

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Voilà quelque temps que l’hexagone est le théâtre de la contestation et de jeux de pouvoir. Des événements relayés partout dans le monde. Mouvements de grève, blocages, rues piétonnes englouties sous les poubelles… On attend un dénouement heureux.

Ce week-end a été extrêmement marqué par les débordements survenus lors des manifestations en France. Les violences ont pris le pas sur le simple jeu du chat et de la souris. Comme à Paris, Bordeaux, ou Sainte-Soline (Deux-Sèvres). La France d’Emmanuel Macron nous propose un drôle de scénario.

Depuis le 49.3 et la mobilisation contre la réforme des retraites, les manifestations semblent avoir franchi un cap. De nombreuses vidéos inondent la toile pour dénoncer l’utilisation de la violence disproportionnée par les forces de l’ordre. La Brav-M, brigade de répression de l’action violente motorisée, créée pendant le mouvement des gilets jaunes, n’en serait-elle pas la cause ? Plusieurs associations de défense des droits de l’homme, le syndicat de la magistrature et le syndicat des avocats ont dénoncé des « dérives inacceptables ». Un manifestant a par ailleurs réussi à enregistrer les membres de la brigade en pleine action.

Dans cet enregistrement sonore, plusieurs policiers des Brav-M menacent et intimident des jeunes gens interpellés. « Efface ton sourire », lance un représentant des forces de l’ordre, tandis que résonne le bruit d’une claque. « Tu la fermes ou tu veux la deuxième ? […] T’en veux peut-être une pour te remettre la mâchoire droite […] Je peux te dire qu’on en a cassé, des coudes et des gueules, mais toi, je t’aurais bien pété tes jambes. » À la fin de l’enregistrement, les forces de l’ordre reçoivent la consigne de se mobiliser dans le 10e arrondissement de la capitale. « T’as de la chance, on va se venger sur d’autres personnes ».

Le préfet de police de Paris a de son côté republié une vidéo filmée lors des manifestations dans la capitale. On y voit un policier, touché à la tête par un pavé, qui s’écroule soudainement au milieu de ses collègues. Ledit policier est ensuite traîné sur plusieurs mètres pour être mis à l’abri.

Acte II, scène 1

À Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, sur le chantier d’une mégabassine, une nouvelle manifestation a eu lieu samedi 25 mars. Les manifestants ont fait usage de mortiers d’artifices, de chandelles romaines et de cocktails molotov de forte contenance, parmi d’autres projectiles. La gendarmerie a riposté avec 4 000 grenades de gaz lacrymogènes et de désencerclement. Les policiers ont également fait usage de LBD. Le cortège s’est rapidement dispersé pour échapper au gaz lacrymogène tiré par la police. De l’autre côté, on pouvait voir des camions de gendarmerie brûler à proximité.

À Bordeaux, en marge de mouvements violents et de multiples incendies, la porte de la mairie a été brûlée. Un incendie hautement symbolique, alors que le roi Charles III devait se rendre à l’hôtel de ville de Bordeaux ce mardi 27 mars, dans le cadre de sa visite d’État en France.

Acte II, scène 2

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a déclaré dans la soirée que 149 gendarmes et policiers avaient été blessés. Il a dénoncé la violence de « casseurs » issus de « l’extrême-gauche ». La Première ministre, Élisabeth Borne, a jugé « inacceptables » les « violences et dégradations » commises dans les manifestations.

Le préfet de police de Paris a de son côté exclu la dissolution de la Brav-M, qui vient en appui dans les manifestations. « Le comportement de quelques individus ne doit pas jeter l’opprobre sur toute une unité qui, ces dernières années, et singulièrement en ce moment, prouve toute son utilité », a déclaré Laurent Nuñez ce samedi 25 mars, précisant que sa suppression n’était « pas à l’ordre du jour ».

Bilan de ces manifestations, 3,5 millions de personnes ont manifesté dans plus de 300 villes de France, selon la CGT, et 1,08 million selon le ministère de l’Intérieur. Le gouvernement espère une chose : que la contestation s’affaiblisse et que tout revienne à la normale ! Les partenaires sociaux, eux, ont d’ores et déjà appelé à une dixième journée d’action ce mardi 28 mars. Décidément, la pilule de la réforme des retraites n’est pas prête d’être avalée. « Mettre sur pause » cette réforme, comme le propose le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger, n’est-il pas ce qu’il y a de plus raisonnable pour Emmanuel Macron et sa troupe ? Pour rassembler, au moins un peu.

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