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Au lendemain du premier tour de la présidentielle argentine, dressons le portrait de Javier Milei, étonnant favori « libertarien » de l’élection.
Il veut « décapiter l’État à la tronçonneuse», supprimer la monnaie nationale et la banque centrale d’un même mouvement. Mais qui est donc cet homme que les médias surnomment El loco ?
Il ressemble à un sosie de Mick Jagger. Une coiffure incroyable, ébouriffée, qui lui donne l’air d’un biker déjanté. Quel étonnant profil que celui de Javier Milei, sorti de nulle part et qui pourrait bien, aux termes de ce premier tour, conquérir la Casa Rosada (Maison rose), siège de la Présidence de la République à Buenos Aires.
Il se définit comme un « anarcho-capitaliste »
Cet économiste de formation n’a rien du côté terne des universitaires. Ce « libertarien » autoproclamé rêve de diminuer très fortement la place de l’État dans une Argentine laissée exsangue par les expériences socialisantes du parti péroniste. L’inflation y atteint 138 % sur un an… Quant à la dette, que le pays ne parvient pas à restructurer depuis l’immense crise de 2001, elle laisse l’Argentine sur la paille. Sous le mandat de Mauricio Macri (centre-droit) l’Argentine a signé un énième prêt-géant auprès du FMI (45 milliards). Elle est évidemment incapable de le rembourser.
Pour régler le problème et revitaliser l’économie, Javier Milei propose tout simplement de supprimer la monnaie nationale, le peso, qu’il a comparé récemment à « un excrément », provoquant aussitôt une crise de change. Sur le marché parallèle, le peso a même temporairement dépassé le seuil symbolique de 1 dollar pour 1 000 pesos. Malgré les supplications affolées de l’union bancaire argentine, qui presse le candidat d’arrêter ses déclarations intempestives, Milei continue de plus belle.
Un lointain descendant des Chicago Boys
Une fois au pouvoir, il compte « dollariser » l’économie à horizon 2025. Une douce promesse aux yeux d’une population pour laquelle le petit billet vert constitue un trésor. Mais comment va-t-il s’y prendre ? Mystère et boule de gomme… Loin de régler le problème, une telle mesure pourrait jeter un bidon d’huile sur le feu de l’inflation. Et empêcher l’Argentine de mener une quelconque politique économique autonome.
Autre idée de ce disciple autoproclamé de l’école autrichienne : la suppression de la banque centrale argentine (il parle même de « dynamitage »). Pour la remplacer par quoi ? Sans doute par rien, ce qui là encore constitue un angoissant saut dans l’inconnu. « Je vais couper les dépenses publiques à la tronçonneuse », ajoute ce rebelle. Étrange manière de pousser ainsi la pensée libérale jusqu’à la caricature d’elle-même. La perspective de son élection risque de pousser l’Argentine dans un nœud de difficultés encore plus inextricable. L’Amérique du Sud continue d’être utilisée comme une sorte de laboratoire des expérimentations économiques farfelues… Tantôt Chicago Boys, à droite, tantôt écosocialisme, à gauche.
« Vive la liberté bordel ! »
Lors de ses meetings, qui rassemblent des foules souvent issues des milieux populaires, l’étonnante figure a les yeux hagards lorsqu’il débarque sur scène. Comme possédé, il clame à s’en briser la voix : « Salut à tous, je suis le lion, je suis le roi d’un monde perdu !! ».
Pas question pour lui de célébrer le pape – pourtant son compatriote. Il réprouve totalement la figure de François : « Le pape, je vais vous le dire en face, c’est le représentant du diable sur Terre. Il faut lui expliquer à cet imbécile qui est à Rome, lui qui défend la justice sociale, qu’il sache que c’est du vol et que ça va à l’encontre des commandements. C’est un péché capital. On peut le déguiser sous le joli nom “justice sociale”, ça reste une aberration. Depuis quand c’est une bonne chose de traiter les gens de la même manière ? Jamais ! ». Au moins, il ne manque pas de punch ! On comprend mieux qu’il soit surnommé El loco par la presse de Buenos Aires. Avant de conclure sur le même ton : « Vive la liberté bordel ! ».
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