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Une étude réalisée par le cabinet Mazars et l’Institut Montaigne compare la fiscalité française avec celle de ses voisins européens.
Lorsqu’il s’agit d’analyser le poids des prélèvements fiscaux au sein des pays européens et d’évaluer la politique fiscale en général et les impôts de production en particulier, la France se distingue. Sans surprise, l’hexagone reste le champion d’Europe des impôts sur les entreprises, malgré les allégements récents, loin devant l’Allemagne notamment. Une pression fiscale qui pourrait nuire à la compétitivité et à l’industrie française, selon l’Institut Montaigne.
Le quinquennat d’Emmanuel Macron est celui de la réduction des prélèvements fiscaux pour les entreprises et les grandes fortunes. Un vœu pieux du patronat partiellement exaucé par l’allègement de 10 milliards d’euros des impôts de production. Malgré cette dynamique favorable aux grands portefeuilles, la France reste une référence en matière de poids de la fiscalité, qui s’impose comme un élément de débat économique de premier plan à deux mois de la présidentielle. Dans ce contexte, une étude réalisée par le cabinet Mazars et l’Institut Montaigne, et intitulée « Baromètre européen des impôts de production », livre une analyse des politiques fiscales du Vieux Continent. Sans surprise, la France arrive dans le groupe de tête, avec des impôts de production qui représentaient 4,4 % de son PIB en 2020, soit le deuxième total européen juste derrière la Suède, loin devant avec 10,3 % et un système de protection sociale largement financé par les impôts.
« Le baromètre a pour objectif d’apporter de la clarté sur un sujet crucial pour les entreprises, à commencer par celles de taille intermédiaire (ETI), en particulier dans le secteur industriel, touché par cette catégorie d’impôts, puisqu’il représente moins de 14 % de la valeur ajoutée nationale et assume près de 20 % des impôts de production », explique l’Institut Montaigne.
Numéro un en valeur absolue
Si l’imposition des entreprises est très critiquée en France par les milieux financiers et les grands patrons, la France est même numéro 1 européen en valeur absolue, selon l’office européen, avec 120 milliards d’euros d’impôts de production. Soit plus de 4 fois le total de l’Allemagne (27 milliards). Pour rappel, la fiscalité imposée aux entreprises dont il est ici question rassemble les taxes et contributions dont les sociétés doivent s’acquitter indépendamment de leur rentabilité.
En comparaison, au sein des autres pays étudiés par le rapport (Suède, Italie, Espagne, Portugal, Royaume-Uni, Belgique, Pologne, Allemagne, Suisse, Pays-Bas), le poids des impôts de production dépasse rarement les 2 % du PIB. En Allemagne, ceux-ci se limitent même à 0,7 % du PIB. Même constat au Royaume-Uni (1,1 %) et en Suisse (0,7 %).
Un poids pour la compétitivité
Un constat global qui pousse l’Institut Montaigne à une conjecture négative, et à affirmer que la pression fiscale française « pèse sur les coûts de production des entreprises et est un véritable frein pour la compétitivité française notamment face à ses voisins européens ». Dans le droit fil de cette analyse, le think tank appelle de ses vœux une baisse de ces impôts, qui « constitue l’une des principales solutions pour restaurer les gains de compétitivité nécessaires au renforcement de l’industrie française ». Autrement dit, d’autres cadeaux et d’autres coups de pouce à plusieurs milliards pour le patronat, qui devront s’accompagner, pour la forme, « d’un renforcement du rôle social, sociétal et économique des entreprises ».