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58 % se trouvent en état de détresse psychologique en raison de leurs conditions de travail.

Au début de l’année 2022, 520 000 Français ont quitté leur emploi. Un chiffre historiquement haut selon les données de la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares). Pas de quoi parler de « Grande démission » toutefois selon les autorités. Mais ce phénomène a de quoi inquiéter les entreprises : les attentes des salariés français ont changé.

« Il n’y a pas de Grande démission en France », assurait Olivier Dussopt, ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion, mercredi 7 septembre, sur la chaîne Franceinfo. Selon les données de la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), fin 2021 et début 2022 le niveau de démissions atteint des sommets. 520 000 personnes ont quitté leur emploi, dont 470 000 étaient en contrat à durée indéterminée (CDI). « Le taux de démission ainsi obtenu atteint 2,7 % en France au 1er trimestre 2022 », précise l’institution, son plus haut niveau depuis la crise financière des années 2008 et 2009. Pire, pour les entreprises de moins de cinquante salariés, le taux de démission (2,1 %) n’aurait pas été aussi élevé depuis 2000 où il atteignait 2,3 %.

Le ministre du Travail tempère : « Ce ne sont pas des démissions pour ne plus travailler, ce sont des démissions pour changer de travail. » Un constat partagé par les experts de la Dares : « Le taux de démission est un indicateur cyclique. Il est bas durant les crises et il augmente en période de reprise […] Dans le contexte actuel, la hausse du taux de démission apparaît donc comme normale, en lien avec la reprise à la suite de la crise de la covid-19. » Pas de big quit à la française donc. Pour autant, ce phénomène de départs ne peut être ignoré et traduit de profonds changements dans les attentes des salariés français. « C’est le moment de la mobilité, d’une forme d’autonomie […] Il y a un changement du rapport au travail, des méthodes de travail qui ont évolué, avec le télétravail par exemple, et il y a une recherche de sens », avance Olivier Dussopt.

Du big quit au quiet quitting

Selon le 10e baromètre sur le rapport au travail et l’état psychologique des salariés du cabinet Empreinte humaine et OpinionWay réalisé auprès de 2 016 salariés français entre le 20 et le 30 juin 2022, 37 % d’entre eux souhaitent quitter leur organisation ou entreprise. Un chiffre en augmentation de cinq points par rapport au dernier baromètre (réalisé entre le 27 janvier et le 11 février 2022). Parmi eux, 58 % se trouvent en état de détresse psychologique en raison de leurs conditions de travail. Dans l’ordre, le baromètre énumère les raisons pour lesquelles les travailleurs rêvent d’un grand départ : la rémunération dans un premier temps, puis la reconnaissance, l’évolution professionnelle, l’ambiance de travail et enfin, le management.

Et comme le souligne le ministre, le rapport au travail des Français semble avoir définitivement changé depuis la crise. C’est ce que rapportent 55 % des salariés dans le cadre du baromètre. Un constat qui pousse les salariés à la démission classique… ou silencieuse. Voilà une autre pratique venue tout droit d’outre-Atlantique qui consiste à se limiter strictement aux termes du contrat de travail pour un meilleur équilibre vie privée et vie professionnelle. En somme, la motivation n’y est plus. Mais pour éviter de tout perdre, ces salariés décident de ne pas démissionner, simplement d’en faire le moins possible tout en respectant les clauses de leur contrat. Fini les prises d’initiative, fini les heures supplémentaires.

Ces phénomènes ont de quoi inquiéter les entreprises. Elles sont probablement le symptôme d’une mauvaise qualité de vie au travail. Et ce sujet se trouve aujourd’hui au cœur des préoccupations des salariés français qui, pour 41 %, se trouveraient en état de détresse psychologique selon le baromètre Empreinte Humaine et OpinionWay. Pas moins de 6 interrogés sur 10 estiment que « les conditions de travail de leurs organisations doivent s’améliorer » en raison de l’augmentation des risques psychosociaux. Et s’ils affirment qu’avoir un travail est bénéfique pour la santé mentale, ils sont 80 % à estimer que ce sont les conditions de travail qui doivent être améliorées.

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