Gabriel Zucman, économiste français, reçoit la médaille John-Bates-Clark

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La médaille John Bates Clark est considérée comme l’une des plus prestigieuses récompenses, accordée aux chercheurs en sciences économiques, à l’instar de Joseph Stiglitz ou Paul Krugman.

L’Association américaine d’économie a annoncé avoir remis à l’économiste français Gabriel Zucman, la prestigieuse médaille John Bates Clark. Une distinction bien méritée, pour ses travaux consacrés à l’évasion fiscale et à la montée des inégalités, preuves solides à l’appui.

Professeur à l’université américaine de Berkeley, en Californie, ce docteur en économie peut se prévaloir d’un parcours d’excellence, à la française. De l’École normale supérieure (ENS), après une classe préparatoire « lettres et sciences sociales » au lycée Henri IV, à la Paris School of Economics, en passant par l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS). L’objet de sa thèse, un portait sur la répartition des fortunes dans le monde, réalisée sous la direction de Thomas Piketty (Le Capital au XXIe siècle). Il rejoint ensuite la London School of Economics, en tant qu’enseignant puis, depuis 2019, l’université américaine de Berkeley, en Californie.

Lors de sa dernière interview accordée à Mediapart, il s’est exprimé sur le contexte social tendu en France, estimant que la contestation contre la réforme des retraites mettait également en lumière « une très forte demande de justice fiscale ». Il a également mis en lumière le sujet des taux d’imposition réels, moins importants pour les Français les plus riches.

Son cheval de bataille, l’évasion fiscale

D’après l’Association américaine d’économie, « Gabriel Zucman a apporté des contributions fondamentales au domaine de l’économie publique, en étant l’un des plus grands experts mondiaux en matière d’évasion fiscale, tant au niveau des ménages qu’au niveau des entreprises, et un contributeur majeur à la littérature sur la mesure et l’explication de la montée des inégalités économiques ». « Les recherches de Zucman fournissent certaines des meilleures preuves de l’importance de l’évasion fiscale, poussant la profession économique à comprendre que ce phénomène est plus important qu’on ne le pensait auparavant », écrit-elle encore dans son annonce de la médaille Clark 2023.

Octroyée par la plus ancienne et l’une des plus prestigieuses organisations américaines sur l’économie, la médaille John Bates Clark n’a été attribuée que deux fois à des Français, en 2009 et 2010. Il s’agissait respectivement d’Emmanuel Saez, pour ses travaux sur la fiscalité optimale et la répartition, et Esther Duflo, pour ses travaux sur les problèmes microéconomiques et des expérimentations à grande échelle sur le terrain.

« Merci à l’AEA pour cet honneur incroyable […] je suis infiniment reconnaissant aux nombreux co-auteurs, mentors, collègues et étudiants qui m’ont tellement appris et ont permis que ces recherches soient possibles », a réagi Gabriel Zucman, âgé de 36 ans, sur Twitter.

Lutter en faveur d’un monde plus juste

La réputation de Gabriel Zucman n’est plus à prouver. Le 22 mars, la Commission des Finances a requis son expertise, devant l’Assemblée nationale,  dans le cadre de la mission gestion des finances publiques. D’autre part, c’est plus de 130 eurodéputés qui ont signé en mars, une pétition en faveur de la création d’un impôt sur la fortune des ultra-riches. Et ce, à l’échelle internationale afin de participer à la transition écologique et sociale. Un sujet plus qu’épineux, économiquement parlant, selon un article de The Conversation.

Cette campagne, à l’initiative de Gabriel Zucman et de l’eurodéputée Aurore Lalucq, du groupe socialistes et démocrates, a d’ailleurs fait l’objet d’une tribune publiée dans Le Monde. En outre les deux auteurs prônaient une taxation des grandes fortunes après avoir réussi à le faire pour les multinationales. Pour appuyer leurs propos, Aurore Lalucq et Gabriel Zucman citaient l’exemple de l’impôt minimum de 15 % sur les bénéfices des multinationales, auquel près de 140 pays ont adhéré « quand tout le monde répétait que c’était impossible ». Celui qui a été élu meilleur jeune économiste de France en 2018 a bien grandi, voilà qu’il rayonne désormais à travers le monde. Fierté française.

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