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Une semaine après la visite d’Emmanuel Macron en Chine, un article britannique révèle la dépendance grandissante de Paris vis-à-vis de Pékin.
Importations, exportations, dette… Il apparaît que la France est de plus en plus dépendante de la Chine. Notre souveraineté déjà abîmée en pâtit.
« The ‘dirty secret’ behind Macron’s kowtowing to China ». Le titre de l’article est un peu racoleur. On pourrait le traduire de la sorte. « Le ‘sale secret’ derrière la prosternation de Macron devant la Chine ». Publié dans le très sérieux Telegraph de Londres, il explique sans doute l’étrange revirement stratégique opéré par Emmanuel Macron, la semaine dernière, dans l’avion qui le ramenait de Chine. « Avons-nous intérêt à une accélération sur le sujet de Taïwan ? Non ». Traditionnellement atlantiste, Emmanuel Macron se livrait là un étrange pas de côté. Jusqu’à dire qu’il ne fallait pas être « suivistes » vis-à-vis des Américains. Inhabituel dans sa bouche.
Une soudaine poussée de fièvre gaullienne ? Assurément pas, explique le Telegraph. « Encore plus que l’Allemagne, l’économie française est de plus en plus dépendante de l’argent chinois ». De là à dire qu’on a la diplomatie de son économie, il n’y a qu’un pas que Matthew Lynn franchit aisément. « Il est possible que le président français n’ait pas d’autre choix que de compromettre la politique étrangère à des fins économiques. »
L’industrie du luxe regarde vers Pékin
Comme chacun le sait désormais, l’homme et la femme les plus riches du monde sont français. Cocorico ! Bernard Arnault (LVMH) et Françoise Bettencourt Meyers (L’Oréal) représentent deux géants de l’industrie du luxe. Deux multinationales qui sont très dépendantes de la Chine à l’import comme à l’export. Le journaliste britannique rappelle : « Le colosse de la mode de Bernard Arnault domine l’indice CAC 40 de Paris d’une manière qui fait passer Apple pour un vairon relatif sur le marché new-yorkais. » L’industrie du luxe représente désormais un peu moins de 40 % de la valeur du CAC 40. Immense.
L’auteur résume, assez cruellement : « Au cours des deux dernières décennies, la France s’est essentiellement transformée en une maison de couture avec un pays attaché. Aucune autre grande économie au monde ne dépend autant d’une si petite poignée d’entreprises, toutes concentrées dans le secteur de la vente au détail. »
Tandis que l’Allemagne est leader pour l’industrie automobile, le Royaume-Uni domine les services bancaires. L’économie française est pour sa part largement portée par l’industrie du luxe et ses profits records. Notre balance commerciale, très sinistrée dans l’ensemble (- 163,8 milliards d’euros !) se sauve grâce à cette seule valeur. Dans ce désastre, le luxe fait valeur d’exception et sauve le tableau d’ensemble grâce à 24 milliards d’euros à l’export. Dans le détail, on relève 13 milliards vers l’Asie, 8 milliards vers l’Amérique, 1,5 milliard vers le Moyen-Orient et 1 milliard vers l’Afrique.
La Chine détient 250 à 300 milliards de la dette française
Autre sujet majeur, la dette publique. Agnès Verdier-Molinié, la présidente de la fondation Ifrap, souligne une vérité qui blesse. Quelle est la part de la dette française détenue par la Chine ? Si l’on sait que 49,5 % de notre dette est détenue par l’Étranger – le détail des chiffres est difficile à obtenir. L’essayiste livrait au Monde, en 2021, une idée de la dépendance. « Si l’on en croit des chiffres qui circulent à Bercy, de l’ordre de 250 à 300 milliards d’euros de dette française seraient détenus en Chine. Ce chiffre est-il proche de la réalité ? Difficile à dire, mais cela pose question, sachant que le volume de titres détenus par les non-résidents est d’environ 1 300 milliards d’euros (la moitié en zone euro). » Agnès Verdier-Molinié rappelait également que 4 % de la dette américaine est détenue par Pékin.
Maîtriser la dette : condition sine qua non de notre indépendance stratégique
Non seulement notre pays, comme chacun le sait, est très endetté (3 000 milliards d’euros)… Mais en plus de cela, la moitié de cette somme est détenue par l’Étranger. Tout le contraire du Japon ou de l’Italie. Ces nations endettées ont pris soin de ne pas trop internationaliser leurs créances. Ce qui préserve ainsi davantage leur indépendance.
Au-delà des grands discours sur la « souveraineté » ; il apparaît urgent de résorber la dette française pour retrouver de véritables marges de manœuvre sur la scène internationale.
Souvenons-nous du plan Rueff, décidé par le Général de Gaulle. En désendettant la France, en lui redonnant une vigueur économique et une vision budgétaire claire, il rendit possible la politique étrangère gaullienne. L’indépendance française a un coût : le sérieux budgétaire et le relèvement productif.