Français, si vous parliez…

Les politiques ont-ils conscience des problèmes des Français ?

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Quand nos politiques vont-ils enfin parler du quotidien des braves gens ?

Marianne se fait un sang d’encre. Dans ses pages, l’hebdomadaire publie un article inquiétant : « Après avoir vu Notre-Dame brûler, verrons-nous la Tour Eiffel tomber ? » Le journaliste Laurent Valdiguié s’est procuré divers rapports confidentiels qui font état, depuis 2010, de failles considérables dans la stabilité du monument.  Un ingénieur spécialiste, interrogé sous le sceau du secret, confie son inquiétude et se dit « affolé » par les choix techniques retenus. Un cadre du site ironise : « Si Gustave Eiffel visitait les lieux, il aurait une syncope. » La rouille gagne du terrain et grignote peu à peu les ferrailles. Affaire symbolique s’il en est, symbolique, justement, de l’air qui règne en France. Une sorte de dérèglement général, de grande relégation, de déroute silencieuse.

Les motifs d’indignation se succèdent au gré des semaines. Dans la Nièvre, la dernière maternité du département ferme ses portes. Au CHU de Bordeaux, ce sont des bénévoles qui sont appelés en renfort pour soutenir un service des urgences en situation hors-contrôle. Au Stade de France, une armada de voyous sème la terreur lors d’une finale de la Ligue des champions. Humiliation à laquelle s’ajoute la longue liste des mensonges saccadés d’un ministre de l’Intérieur oublieux de sa charge.

À la radio, une femme handicapée s’effondre en pleurs et confie à la Première ministre son désarroi face à la déconjugalisation de l’Allocation adulte handicapé. Si elle se marie, la malheureuse perdra la moitié de ses allocations. Seule réponse de la locataire de Matignon : « J’entends votre inquiétude Dolorès. » Merci bien.

Dans La Croix, le lecteur stupéfait apprend que les orphelinats français sont en charpie et que deux départements font le choix de confier à des intérimaires (simplement détenteurs d’un Bafa !) la charge des pupilles de la Nation. Pas mieux dans les crèches, où les capacités d’accueil fondent comme neige au soleil. Pas la peine de nous parler ensuite du travail des femmes.

La France, si fière de ses services de l’enfance et de son école maternelle, longtemps exemplaires, baisse la tête. Pendant ce temps, l’académie de Versailles recrute ses professeurs au petit bonheur la chance, par le biais de deux entretiens vite expédiés, aux faux airs de speed dating… Comme si tout cela pouvait s’improviser.

L’école des entraves

Notre ministre de l’Éducation nationale, Pap N’Diaye, quasiment muet depuis sa nomination, scolarise de toute façon ses enfants à l’École alsacienne, institution privée très chic du centre de Paris. « L’école de la République », tellement formidable dans les discours, est laissée aux plus pauvres. L’ascenseur social est en panne et l’escalier de service fermé.

Les résultats des élèves dérivent vers l’inquiétant. La pénible séquence des examens le prouve à occasions multiples. Sur les réseaux sociaux, les élèves se plaignent de l’usage du mot « ludique » dans un sujet du baccalauréat. Ils n’en connaissent pas la signification.

Sylvie Germain, sympathique auteure, est carrément insultée par des hordes d’élèves ignorants qui raillent son texte, proposé à la dissertation générale. Montages photos, insultes sur son physique, menaces de viol, de mort… Sylvie Germain exprime son dégoût dans les pages du Figaro : « C’est grave que des élèves qui arrivent vers la fin de leur scolarité puissent montrer autant d’immaturité, et de haine de la langue, de l’effort de réflexion autant que d’imagination, et également si peu de curiosité, d’ouverture d’esprit. »

La révolution des œillères

Et puis il y a l’économie. Avant les élections, à écouter Bruno Le Maire, la France voguait vers de nouvelles Trente Glorieuses. Le plein emploi était à portée de main. L’investissement se hissait au pinacle. La France « présidait l’Europe » et entraînait ses partenaires vers un avenir positif.

Et depuis quelques jours, voilà la débandade. Au micro de RMC, Bruno Le Maire panique : « Nous avons atteint la cote d’alerte des finances publiques ». Apolline de Malherbe, surprise, tente de comprendre : « En gros, vous nous dites que les caisses sont vides. » Hésitation d’une seconde. Bruno Le Maire semble regarder ses chaussures. Il finit par répondre, presque en bafouillant, très benoîtement : « Non… » Tout le monde a compris.

Face à l’inflation, les Français comprennent surtout qu’ils vont devoir se débrouiller. Bercy ne répond plus. Et voilà que dans nos campagnes, il n’est pas rare de croiser des Français qui ne parviennent plus à s’acheter de la viande et parfois même des légumes. Ce n’est pas faute pourtant de travailler souvent dur. Et il y a l’essence dont les prix très élevés plombent l’endurance du pays.

Ce maudit réel qui frappe à la porte…

Quand nos politiques vont-ils enfin parler du quotidien des braves gens ? Grand temps de passer aux travaux pratiques. Emmanuel Macron, élu en mai, a attendu deux mois une majorité qui n’est jamais venue. Le voilà qui doit désormais faire avec le concert disparate des oppositions.

La représentation nationale, cette semaine, s’est élancée dans d’incroyables batailles de postes. Quid de la présidence, des vice-présidences, de la questure, de la buvette aussi ? Tout ce beau monde s’installe et ne semble guère pressé. Naïf vagabondage. Les Français sont invités à patienter, le temps que ces messieurs-dames terminent de faire cuire « leurs petites soupes autour de leurs petits feux ». Le régime des partis a ressuscité.

Les batailles perdues se résument en deux mots : trop tard. Et il n’est certainement pas trop tard. L’orgueil est une vertu pour engager la relève, et même pour ainsi dire le sursaut. L’optimisme de combat reste évidemment de mise. À peuple vaillant, rien d’impossible.

« L’Espérance est un risque à courir », Bernanos.

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