Kristalina Georgieva, FMI
Kristalina Georgieva, directrice générale du FMI.

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Silicon Valley Bank, Crédit Suisse… Certains signaux laissent entrevoir la possibilité d’une crise.

Une crise financière s’apprête-t-elle à déferler ? Le risque est là, pugnace. Le FMI appelle à la résilience et à l’action.

Kristalina Georgieva est une économiste bulgare. Après une formation à l’Institut Karl Marx de Sofia (!) elle a été diplômée du Massachusetts Institute of Technology (MIT). Son parcours est prestigieux. Après une carrière à la Banque mondiale puis à la Commission européenne, elle prenait en 2019 la direction générale du FMI, succédant ainsi à Christine Lagarde. Pour autant, a-t-elle la carrure pour incarner la riposte mondiale face à une crise financière d’ampleur ? Nous verrons bien – d’autant que son mandat s’achève théoriquement en 2024. Certains imaginent Bruno Le Maire dans son fauteuil… Même si la vice-présidente du gouvernement espagnol, Nadia Calviño, semble en bonne voie pour le poste.

Peu importe. Pour l’heure, c’est bien à la Bulgare qu’il revient de sonner l’alarme. Face à la houle qui monte dans les salles de marchés, Georgieva doit expliquer, coordonner, rassurer. Entre la chute de la Silicon Valley Bank et la secousse Crédit Suisse, les marchés sont face au doute. Une métaphore prédomine : « C’est quand l’eau se retire qu’on voit qui n’a pas de maillot de bain. » En ce moment, de Paris à Singapour en passant par la City ou Wall Street, chacun se demande qui sera le prochain « maillon faible » du système bancaire. La Deutsche Bank, installée à Francfort, pourrait faire office de bouc émissaire. Même si Olaf Scholz assure « qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter » et que la banque se présente dans une nouvelle campagne de communication comme « un partenaire solide », certains économistes voient dans cet excès de zèle le signe d’un malaise.

La croissance mondiale revue fortement à la baisse

Dans une conférence de presse organisée à Washington, le 11 avril, la directrice générale du FMI, assistée de son économiste John Lipsky, joue cartes sur tables. La croissance mondiale est revue à la baisse. En-deçà des 3 %, contre les 3,8 % initialement prévus. Il s’agit de la prévision la plus faible à moyen-terme depuis 1990. « Bien que contre toute attente, les marchés de l’emploi et les dépenses des ménages aient fait preuve de résilience dans la plupart des pays avancés, et que la réouverture de la Chine soit encourageante, nous nous attendons à ce que la croissance de l’économie mondiale soit inférieure à 3 % en 2023 », déclare Kristalina Georgieva.

La figure du multilatéralisme économique a également indiqué que la Chine et l’Inde représenteraient, à elles deux, la moitié de la croissance mondiale cette année.

En zone Euro, la croissance décroche singulièrement, passant de 3,5 % en 2022 à 0,8 % attendu en 2023. Le Royaume-Uni et l’Allemagne devraient même plonger en récession (entre -0,1 et -0,3 %). La France et l’Italie s’éloignent pour l’heure de cet écueil. Notons les bons résultats de la Russie : croissante à 0,7 % au lieu de la prédiction initiale de 0,4 %.

Les bons remèdes du docteur Georgieva

Georgieva se veut prudente, voire alarmiste. Tout le contraire d’une Christine Lagarde, adepte du sourire et d’un optimisme radical. Dans un style beaucoup plus froid et neutre, l’économiste d’Europe de l’Est lance à la volée : « L’heure n’est pas à l’autosatisfaction […] Les bouleversements dans le secteur des banques aux États-Unis et en Suisse ont mis en lumière des défaillances dans la gestion des risques dans certains établissements et des lacunes en matière de supervision ».

« Que faire ? », comme dirait Lénine ? Mme Georgieva propose quelques pistes. « L’essentiel est de surveiller attentivement les risques dans les banques et les institutions financières non bancaires, ainsi que les faiblesses dans des secteurs tels que l’immobilier commercial ». Il s’agit également d’identifier les vulnérabilités cachées du système bancaire. Chaque pays devrait ainsi procéder à une sorte de « crash-test » pour vérifier la capacité du secteur à tenir bon en cas de tumulte. Enfin, désireuse de s’éloigner des préceptes de rigueur et d’austérité jadis prônés par le FMI, Kristalina Georgieva propose d’investir 1 000 milliards de dollars par an dans la transition écologique. Un pansement sur une jambe de bois ?

Le canari dans la mine…

L’entrepreneur et essayiste Charles Gave, populaire sur YouTube avec son émission « L’économie expliquée par mon père », publie un très intéressant article sur le site de l’Institut des Libertés – qu’il préside. Il file une métaphore subtile et bien amenée. Les difficultés des banques sont selon lui le « canari dans la mine » de l’économie mondiale. « Tout le monde sait qu’à la grande époque du charbon, les mineurs descendaient avec un canari dans la mine. La petite bête était la première à mourir quand des gaz délétères commençaient à envahir les galeries.  Si le canari mourait, les mineurs essayaient de retourner à la surface avant que le coup de grisous ne tue ceux qui n’avaient pu s’échapper à temps… ». En bref, un signal qui annonce le péril. Même si le pire n’est jamais certain, mieux vaut s’y préparer de toutes nos forces.

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