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C’est une question à laquelle vous connaissez déjà la réponse. Après des nuits d’émeute, dressons un premier tableau des dégradations.
Reconstruire. Vite. Pour ne pas donner raison aux violents. C’est désormais l’obsession des politiques de tous poils.
La France a la gueule de bois. Après des nuits de violences et un calme qui semble revenir – soyons très prudents – l’heure est à un premier bilan. Noir, forcément noir. Il est dressé dans Le Figaro par Agnès Verdier-Molinié, directrice de la fondation Ifrap. « 250 tabacs ont été cassés, 700 commerces vandalisés et pillés, mais aussi 147 mairies, bibliothèques et bâtiments communaux attaqués et plus de 200 écoles prises pour cible. Cela sans inclure les bus, les tramways (20 millions de dégâts annoncés rien que dans les transports d’Île-de-France), mais aussi les milliers de voitures brûlées : 1 350 dans la nuit du 30 au 1er juillet, 1 900 dans la nuit du 29 au 30 juin… ».
Un consentement fiscal en chute libre
Comme on dit, le bilan est « susceptible d’évoluer ». L’Élysée craint déjà une nouvelle flambée destructrice dans la nuit du 14 juillet. Bien loin donc des « 100 jours d’apaisement » qui sont définitivement enterrés.
Autant dire que le consentement fiscal est en chute libre depuis le début des émeutes. « Et qui va payer ? C’est Bibi… », râlent les honnêtes travailleurs. Difficile de leur donner tort. Oui, ils vont payer. Même si Emmanuel Macron annonce qu’il « faudrait qu’à la première infraction, on arrive à sanctionner financièrement et facilement les familles ». Le chef de l’État clarifie : « Une sorte de tarif minimum dès la première connerie ». Intéressantes propositions qui n’existent pas dans la loi et qui paraissent difficiles à mettre en place.
Le projet de faire payer les destructeurs
La réponse sans langue de bois est venue d’un homme politique belge. Outre-Quiévrain aussi, on a connu les violences. Bruxelles s’est embrasée. Georges-Louis Bouchez, président du Mouvement réformateur (centre-droit) propose un plan d’action. « Ces jeunes sont pris en flagrant délit, il serait logique que dans les 4-5 jours qui suivent, il y ait une comparution immédiate, qu’ils soient immédiatement sanctionnés. Et je vais vous le dire clairement, si ça prend 10 ans, 20 ans pour rembourser, ben ce n’est pas mon problème. Mais il faut quand même à un moment donné dans cette société, expliquer qu’on ne casse pas, quelle que soit sa situation de vie […] Pour le MR, c’est très simple ; casseur = payeur. Et si vous ne savez pas payer, vos parents s’en chargeront ».
Le sénateur poursuit : « Aujourd’hui, quand vous êtes le fils d’un agriculteur au bord de la faillite, vous pensez que vous avez une belle perspective de vie ? Pourtant, ces gens-là ne cassent pas. Je dis juste qu’il faut arrêter avec la culture de l’excuse ».
Une addition qui s’annonce comme un coup de massue
Au-delà des bâtiments publics honteusement dégradés, l’urgence est évidemment au soutien des commerces pillés et brûlés. Alain Di Crescenzo, président de CCI France (chambre de commerce et d’industrie) identifie « plusieurs milliers de commerçants sinistrés ». Bercy annonce un premier plan de soutien : report des charges, simplification des procédures, prolongation d’une semaine de soldes. Les assureurs prévoient une nouvelle facture salée. Pour le secteur du tourisme, c’est un nouveau coup de massue. « 20 % à 25 % » d’annulation pour les touristes étrangers à Paris, selon l’Office du Tourisme. Le Medef déplore « une nouvelle dégradation de l’image de la France ». Geoffroy Roux de Bézieux estime que les dégâts dépassent « le milliard d’euros » pour les entreprises. Sale temps pour le business.
Les collectivités locales vont devoir mettre la main à la poche. La région Île-de-France, première touchée, compte déjà mettre vingt millions d’euros sur la table. Rien que pour la ville de Marseille, ce sera deux millions d’euros. Mais certaines communes plus pauvres n’auront pas forcément les moyens de financer par elles-mêmes. Exemple est fait de Montargis (Loiret) dont le centre-ville a été mis à sac avec une particulière violence.
Qui vivra verra… Qui vivra paiera…
Le maire Benoît Digeon (LR) est déjà aux manettes pour préparer le jour d’après. Toutefois, il prévient déjà : « On ne pourra pas payer tout ça ! ». Lundi 3 juillet, l’édile réunissait le Conseil municipal pour faire adopter son plan d’urgence intitulé : « Reconstruire ».
Hassan Bertal, un commerçant local interrogé par Le Monde, est encore choqué du pillage de sa boutique : « C’était des petits, et ils n’ont peur de rien, je vous le dis. Qu’est-ce qu’on peut faire contre ça ? ». Il faudra également financer l’accompagnement psychologique des victimes. Face à la sidération, ce n’est pas en option. Qui vivra verra et surtout… Qui vivra paiera. Françaises, Français, vous pouvez d’ores et déjà sortir le chéquier.