Temps de lecture estimé : 2 minutes
En 2021, le déficit commercial de la France atteint 84,7 milliards d’euros. Soit 20 milliards d’euros de plus qu’en 2020.
Les récentes données publiées par les Douanes font état de l’aggravation du déficit commercial français, malgré la reprise économique. Et pour cause, la facture énergétique continue d’alourdir les dépenses intérieures et la France continue de perdre des parts de marchés à l’exportation au sein de la zone euro.
La situation du déficit commercial inquiète. « Il faudra dix ans pour résorber ce déficit du commerce extérieur », estimait début janvier Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie. Une affirmation confirmée par les chiffres. Pendant qu’elle enregistre une croissance de 7 % pour 2021, supérieure à celle de ses voisins européens, la France voit son commerce extérieur continuer de chuter dangereusement. Les créations d’emplois au beau fixe et le recul du chômage ne suffisent pas à contrecarrer la dynamique de la baisse des exportations. Le précédent record, de 75 milliards d’euros, datait de 2011. Le déficit commercial atteint en 2021 pulvérise ce total, avec quelque 84,7 milliards d’euros sur l’année. Soit plus de 20 milliards d’euros par rapport au déficit atteint en 2020 (64,2 milliards d’euros), en grande partie en raison de l’aggravation de la facture énergétique, passée de 25,2 à 43,1 milliards d’euros. Une aggravation d’autant plus alarmante dans un contexte marqué par les velléités de souveraineté commerciale et économique face aux grands pays exportateurs et producteurs, à commencer par la Chine.
Déséquilibre entre importations et exportations
Pour expliquer ce déficit historique, Bercy avance un « rebond plus marqué des importations (+18,8 % après -13 % en 2020) que des exportations (+17 % après -15,8 % en 2020). Et, donc, la flambée de l’énergie, comme le confirme Franck Riester, le ministre du Commerce extérieur : « En ce qui concerne la balance des biens, la dégradation est essentiellement due à l’alourdissement de la facture énergétique de 17,9 milliards d’euros. » Aussi, des secteurs clés de l’export français restent encore en deçà de leurs performances de 2019, avant la crise. À commencer par l’aéronautique, qui n’en est qu’à 57 % de son niveau pré-crise. Dans le même temps, la vigueur de la reprise – croissance de 7 % du PIB l’an dernier – a directement « influé sur les importations de biens de consommation, d’outils industriels produits à l’étranger », selon Franck Riester. Et donc fait pencher un peu plus la balance du côté de l’import, d’autant plus que les nombreuses aides de l’État aux entreprises ont contribué à leur bonne santé financière et à la reprise de leurs achats de biens industriels.
Le rebond des échanges de services
En revanche, parmi les mauvaises nouvelles des chiffres des douanes, les performances du secteur des services sont à souligner. Et le gouvernement n’y manque pas : « Il est important de regarder le tableau de notre activité commerciale », pointant « un excédent record des services, à 36,2 milliards d’euros ». Un total plus que doublé en un an (16,4 milliards d’euros en 2021), qui permet à l’hexagone d’afficher malgré tout une balance courante en léger déficit seulement (-0,9 % du PIB en 2021 contre -1,9 % en 2020). Pour rappel, cette balance courante comprend les revenus des investissements directs à l’étranger et les services. Aussi, Franck Riester a rappelé la « dynamique positive » de l’économie française, soulignant que le creusement du déficit commercial n’est pas à imputer à une chute des exportations qui « ont redémarré rapidement » après les mises à l’arrêt de 2020. Là encore, c’est bien la balance entre imports et exports et l’inégal rebond de deux revers de la médaille qui explique la plus grande part du déficit.