Les défaillances d'entreprises sont en hausse

Temps de lecture estimé : 2 minutes

Défaillances d’entreprises, plans de sauvegarde, redressements judiciaires… Ces mots font leur grand retour dans notre quotidien.

Altares, expert dans la data d’entreprise, dévoile le tableau de l’économie française pour ce premier trimestre 2023. Des chiffres qui alertent.

Bruno Le Maire a beau répéter que tout va bien, il faut admettre que nous sommes loin des nouvelles « Trente Glorieuses » qu’il nous promettait voici un an, au cœur de la campagne présidentielle. Des propos d’estrade qui s’effacent devant la réalité âpre du rapport Altares pour le 1er trimestre 2023. Voici les chiffres. 14 317 défaillances d’entreprises sont relevées, ce qui représente une hausse de 43,6 % sur un an. 10 730 liquidations judiciaires sont prononcées, un chiffre au plus haut depuis 2017. Dans les PME-ETI, tissu indispensable de l’économie française, on note 1 125 défaillances, un niveau jamais vu depuis 2015. Si la construction résiste, les agences immobilières, le commerce de détail et le transport routier paient les pots cassés. Face à la crise.

La fin du « quoi qu’il en coûte » signe la mort des « entreprises-zombies »

Ces chiffres sont mauvais. Ils signent le ralentissement de l’économie française, affaiblie par la gangrène de l’inflation. Ils doivent être tempérés par le « rattrapage » impossible à estimer, qui concerne les « entreprises-zombies » maintenues artificiellement en vie durant le « quoi qu’il en coûte ». Elles se retrouvent exsangues, puisque le soutien étatique s’est désormais retiré.

Un zoom régional permet d’en savoir plus. L’Île-de-France, première région d’Europe, retrouve un niveau de procédures comparable à l’avant-pandémie (autour de 3 000 sur le trimestre). La Bourgogne-Franche-Comté, les Hauts-de-France, la Nouvelle-Aquitaine, l’Occitanie et les Pays de la Loire retrouvent leur niveau de 2018. Elles sont donc davantage en difficulté.

Redressements judiciaires : +49,9 % sur un an

Thierry Millon, directeur des études Altares, revient sur ces chiffres qui alertent. « Ce début d’année 2023 est donc loin de signer un record de défaillances, toutefois la tendance historique de 2022 (+50 %) s’essouffle à peine (+44 %). Pire, le référentiel 2019 est déjà parfois dépassé. C’est en particulier le cas pour les PME dont le nombre de défaillances (1 125) est désormais comparable au seuil de 2016. Les TPE ne sont pas épargnées, plus des trois quarts (77 %) sont immédiatement liquidées. Le nombre de liquidations directes (10 730) est ainsi au plus haut depuis 2017 ».

Ajoutons qu’avec 307 jugements enregistrés ce trimestre, le nombre de procédures de sauvegarde (ancien dépôt de bilan) augmente de 39,5 %. Les procédures de redressement judiciaire font face à une recrudescence très rapide : +49,9 % ! Elles retrouvent ainsi leur niveau de 2019.

Les jeunes entreprises résistent, les PME sont dans le dur

Notons un point très positif dans ce tableau qui vire au gris. Il semble que les jeunes entreprises résistent plutôt bien aux difficultés. Seulement une entreprise défaillante sur dix a moins de deux ans. Au contraire, les PME sont dans le dur. Leur taux de défaillance bondit de 59 % sur un an.

Ces résultats laissent présager un durcissement sur le front de l’emploi. La France devra contrer la remontée du chômage qui se profile. Tous secteurs confondus, 59 000 emplois sont menacés en ce trimestre, selon Altares. 12 000 concernent la seule société Orpéa, dans le secteur de l’aide à la personne, jetée à la vindicte populaire pour ses traitements indignes vis-à-vis des pensionnaires de ses établissements. La société, placée en procédure de sauvegarde accélérée, tente de se relancer avec une nouvelle direction. Rien n’est moins sûr…

Ces résultats prouvent à qui veut l’entendre que le « quoi qu’il en coûte » est définitivement derrière nous. Désormais sans amortisseurs, les entreprises font face à la réalité du marché qui impose sa loi, celle de la destruction-créatrice chère à Schumpeter. Mais plus encore qu’un simple retour à la normale, il s’agit là d’une remontée dangereuse, clairement identifiée. Face à l’inflation, aux difficultés de trésorerie et de recrutement, les entreprises de France doivent s’armer et faire face. Et intégrer à leur stratégie la probabilité d’une crise financière systémique à horizon six mois.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

J’accepte les conditions et la politique de confidentialité

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.