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Que l’on soit un professionnel ou un particulier, l’immobilier a toujours tenu une part essentielle dans le portefeuille d’un investisseur. Et pour cause, il conjugue rentes régulières et sécurité. Néanmoins, le secteur du logement est au ralenti en France depuis quelque temps.
En outre, divers indicateurs témoignent bien que le secteur connaît une crise. On recense un nombre de logements neufs historiquement bas, une demande en chute libre, et des taux d’intérêt qui ne cessent d’augmenter, ce qui rend les crédits de plus en plus difficiles à obtenir. Le sujet est pris à bras-le-corps par le gouvernement.
Au niveau de l’offre, les chiffres parlent d’eux-mêmes quand on raisonne en termes de logements neufs. On dénombre -11,5 % pour les permis de construire accordés sur un an, -8 % pour les mises en chantier. Les réservations d’appartements neufs sont également en chute libre. Les freins pour les promoteurs immobiliers sont multiples, permis de construire difficiles à obtenir dans des délais trop longs, des maires qui rechignent à les accorder, une réglementation trop complexe. Il convient également de noter que dans le même temps, les coûts de construction demeurent élevés.
Il en va de même au niveau de la demande. Les promoteurs immobiliers sont d’autant plus inquiets que le taux de désistement des clients montent en flèche. Une conséquence qui découle directement de la hausse des taux enclenchée par Bruxelles, +3,75 % depuis juillet dernier. Dans le même temps, les dossiers recalés par les banques s’accumulent. Et les prix, eux, pour l’instant ne baissent pas.
Les coups de pouce
Le Conseil national de la refondation a donc planché sur un plan d’action pour pallier au problème. « On touche un peu sur tous les leviers […] on doit à la fois agir sur le structurel et répondre à une forme de crise conjoncturelle », déclare-t-on à Matignon. On retiendra plusieurs annonces.
Pour favoriser l’accession à la propriété, le gouvernement va prolonger le fameux prêt à taux zéro, qui devait s’arrêter fin 2023, jusqu’en 2027. Néanmoins, ce dispositif sera recentré au niveau des logements neufs en collectif, dans les zones tendues, et sur les logements anciens sous condition de rénovation en zone détendue.
Pour favoriser l’accès à la location, le gouvernement compte changer son fusil d’épaule et mettre fin au dispositif Pinel en 2024, jugé inefficace. Pour rappel, ce dispositif ouvrait le droit à une réduction d’impôt sur le prix d’achat d’un logement mis en location. Dorénavant, l’accent sera porté sur le « logement locatif intermédiaire », à savoir un logement qui, sans être social, permet des loyers modérés.
Le financement
Par ailleurs, une enveloppe supplémentaire de 160 millions d’euros sur 5 ans se consacrera également au dispositif du « Logement d’abord », qui consiste à octroyer un logement pérenne aux personnes mal logées.
Enfin, pour accélérer la rénovation énergétique des bâtiments, le dispositif « MaPrimeRénov » se verra renforcé, avec 1 300 guichets « France Rénov » contre 450 actuellement et une augmentation des « accompagnateurs Rénov » de 2 000 à 5 000.
Ces mesures seraient financées par la fin du dispositif Pinel et le recentrage du prêt à taux zéro, selon Matignon.
Mauvais calcul ?

D’après Charles Marinakis, président de Century 21 France et invité d’Apolline de Malherbe hier sur RMC, le plan du gouvernement attendu pour répondre à la crise du logement est insuffisant.
« Selon les normes du haut conseil à la sécurité financière, vous ne pouvez pas emprunter plus de 35 % de vos revenus, et Matignon dit qu’il serait plutôt enclin à déréguler cette mécanique-là. J’avoue que pour ma part, je n’y suis pas favorable, parce que la vocation de l’achat immobilier, ce n’est pas de se mettre dans la difficulté, mais dans le confort et le plaisir. Les banques ont un régime dérogatoire où on dit qu’il y a 20 % des dossiers pour lesquels ils peuvent déroger. Mais là encore, les conditions de dérogation sont très restrictives. Je crois que c’est sur ce sujet-là qu’il faut travailler. Il faut laisser plus de liberté aux banques pour apprécier les 20 % de foyers qui sont en capacité financière de déroger aux 35 % ».