Economie

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Le FMI a revu à la hausse ses prévisions de croissance mondiale. En France aussi, la situation s’améliore. Mais attention, souvent le « moins pire » n’est pas le bien pour autant.  

L’économie, c’est une affaire d’interprétation. Des signes encourageants, il est facile d’en trouver si l’on creuse bien. Alors quand tous les signaux habituellement rouges ou oranges semblent verts… cela a tendance à nous rassurer. Et c’est bien normal. Mais, sans jouer les rabat-joie, gare tout de même à ne pas basculer dans un optimisme illusoire.

Gabriel Attal, le ministre délégué chargé des Comptes publics, clamait il y a une semaine que l’économie française se portait bien. Cette déclaration vient s’ajouter à la – longue – liste des phrases hasardeuses prononcées par nombre de députés et ministres dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale… Oui, la France devrait éviter la récession cette année, mais l’économie ne s’en porte pas « bien » pour autant. Elle survit.

Une dette qui se creuse

« On a dépensé au cours des six derniers mois 250 milliards d’euros pour empêcher que les gens aillent griller des saucisses sur les ronds-points », pointait l’économiste Ludovic Subran sur le plateau de BFM Business. À coups de boucliers tarifaires, d’aides aux ménages et aux déplacements, l’exécutif français a protégé au mieux le pouvoir d’achat de sa population. Il fallait le faire… quoi qu’il en coûte !

Mais ces 250 milliards viennent s’ajouter à des créances qui plombent déjà les finances nationales depuis plusieurs années. En 2022, la dette publique au sens de Maastricht s’élevait à 2 956,8 milliards d’euros, soit une augmentation de 40 milliards par rapport à 2021. Les intérêts la concernant ont aussi atteint des sommets, à 46 milliards d’euros. Pour se rendre compte du poids de ces remboursements, il suffit de le comparer au budget alloué à la Défense ou à l’Éducation. Seulement 41 milliards d’euros pour le premier, et 53,6 milliards pour le deuxième. Autrement dit, les intérêts aux créanciers occupent une place financière toute aussi importante (voire plus) que deux secteurs primordiaux de notre pays.

Depuis 2008, les États usent et abusent de la relance keynésienne sous toutes ses formes. Ils s’endettent à des hauteurs presque insoutenables et maintiennent l’illusion que l’économie va bien. Mais attention, un jour ou l’autre, il faudra bien passer à la caisse !

Moins de défaillances d’entreprises, vraiment ?

L’ancien porte-parole du gouvernement Gabriel Attal s’est aussi félicité du faible taux de défaillances d’entreprises depuis plusieurs mois. En 2022, 42 640 entreprises ont fermé leurs portes. C’est vrai, c’est mieux qu’en 2019 – la dernière année de référence – où 51 145 sociétés s’étaient déclarées en défaut. Mais une tendance haussière de faillites, initiée à l’automne dernier, continue son bout de chemin. Le taux d’entreprises fermées en janvier 2023 s’approche dangereusement de celui de janvier 2019. Thierry Millon, directeur des études du groupe Altares, déclarait à ce sujet : « Le rythme est plus soutenu qu’envisagé, faisant craindre un retour aux valeurs d’avant-crise plus tôt que prévu ».

En hautes sphères, semble alors se mettre en place une politique de « l’autruche ». Les chiffres remontent, mais tant qu’ils resteront en dessous des standards, ils seront présentés comme des succès par nos dirigeants.

Un déficit commercial au plus bas

Ça, ce n’est plus une surprise. Depuis dix ans, la France fait face à une balance commerciale déficitaire. Pourtant, les résultats de l’année 2022 ont particulièrement secoué l’actualité. À 163,6 milliards d’euros de déficit, la France double son triste record de 2021. Évidemment, la flambée des prix du gaz et de l’électricité est à prendre en compte, mais l’exécutif peut-il vraiment se cacher derrière cette seule excuse ?

Non. Le déficit commercial est symptomatique d’un mal plus profond : la perte de compétitivité à l’international dans de nombreux secteurs. En 2021 déjà, nous déplorions que la part des exportations françaises dans la zone euro était à son niveau le plus bas depuis 2000. Des résultats déjà en baisse depuis 2019, corrélés à une désindustrialisation trop rapide et incontrôlée. Plus grave encore, le recul de ces parts de marché concerne quasiment toutes les catégories de produits manufacturés. Autrement dit, la France devient moins bonne partout, souvent au profit de l’Espagne ou l’Italie.

Alors, dire que l’économie se porte bien est une imprécision. Saluer les efforts de l’État pour ne pas aggraver une situation tendue ne devrait pas, pour autant, nous faire perdre notre esprit critique. L’économie est perfusée. Complétement dépendante du soutien de l’État, lui-même dépendant des banques dont les taux directeurs ont encore été revus à la hausse très récemment. Attention donc, à ne pas se bercer d’illusions.

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