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Macron au défi du plein-emploi
Un dimanche soir de 2013, sur le plateau de Claire Chazal, François Hollande en avait fait la promesse : lui président, il allait inverser la courbe du chômage. Pari manqué pour lui, mais gagné pour la France. Longtemps symboles de la sinistrose française, les mauvais chiffres de l’emploi, annoncés chaque mois, teints blêmes sur fonds bleus, par les successifs ministres du Travail, semblent désormais n’être plus que de l’histoire ancienne.
Au premier trimestre 2022, le nombre de demandeurs d’emploi a de nouveau reculé, pour atteindre son plus bas niveau depuis 2012. Il s’arrime désormais aux alentours des 7 % en catégorie A – qui correspond aux personnes sans aucune activité salariée (et inscrites à Pôle emploi). Même si ce combat demeure loin d’être terminé, puisque 3,2 millions de chômeurs restent encore sur le carreau, cette baisse est d’autant plus remarquable qu’elle s’inscrit dans une perspective économique défavorable (covid, inflation, faible croissance…). Mieux encore, le chômage des jeunes, habituel point noir du marché du travail, s’améliore considérablement. En un an seulement, il a baissé de 25 %. Les fonds publics investis, notamment dans le dispositif « un jeune, une solution », portent leurs fruits.
Des disparités régionales
Demeurent quelques incertitudes. D’abord, la situation économique menaçante, qui pourrait casser l’ambiance. Ensuite, si le nombre de chômeurs en catégorie A baisse substantiellement, celui de la catégorie B (moins de 78 heures de travail dans le mois) augmente, lui, de 2,2 %. Ce qui signifie que le marché de l’emploi se précarise, avec des salariés (le plus souvent des salariées) aux prises avec les contraintes d’un travail à temps partiel – ou en intérim. Et puis certains acteurs du dialogue social (CGT en tête) pointent du doigt la réforme de l’assurance chômage, qui aurait eu pour effet d’augmenter les radiations.
Sont à noter aussi de fortes disparités régionales. Les Hauts-de France (9,7 %), l’Occitanie (9,5 %) et la région Paca (9,1 %), remplissent le triste podium des régions les plus perméables au chômage. A contrario, la Bretagne est la région la plus proche du plein-emploi, avec un taux de chômage de 6,5 %. Elle ravit la première place aux Pays-de-la-Loire, habituellement champions, qui arrivent juste après avec 6,7 %. En troisième position, la Bourgogne Franche-Comté affiche elle aussi un bon score de 6,8 %.
Emmanuel Macron au défi du plein-emploi
Le président tout juste réélu l’a annoncé durant sa campagne : il veut permettre à la France de renouer avec le plein-emploi. Un objectif ambitieux. De 7 %, il faudrait que le chômage tombe aux alentours des 5 %, chiffre habituellement reconnu comme celui du plein-emploi. Seulement voilà : plus le chômage baisse, plus il devient compliqué à faire baisser… Puisqu’il faut aller chercher des individus toujours plus éloignés de l’emploi (chômeurs de longue durée, décrocheurs scolaires, seniors, mères isolées, publics ruraux…). D’enjeux économiques, on dérive alors vers des problématiques sociales. Pour ce faire, Emmanuel Macron a certes quelques idées. D’abord, le conditionnement du RSA (Revenu de Solidarité Active) à la réalisation de 15 à 20 heures d’activité par semaine. Aussi, l’augmentation des primes pour l’embauche des seniors ou la densification de l’offre de formation. Cela peut-il suffire pour réinsérer les plus fragiles d’entre nous ? Le tout sans oublier que l’horizon économique actuel – et plus encore de demain – n’a rien d’un ciel bleu.
Valentin Gaure