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Dans un contexte de guerre qui oppose la Russie à l’Ukraine, on assiste à un dialogue de sourds entre le monde occidental et Vladimir Poutine. Et voilà que des tensions émergent entre son homologue en Chine, et les pays démocratiques. Cela laisse-t-il présager une nouvelle guerre d’idéologies ?
Pour la Chine, Taïwan représente une de ses provinces. Qu’elle aimerait donc réunifier avec le reste de son territoire, depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949.
La Chine voyait déjà d’un mauvais œil le rapprochement à l’œuvre ces dernières années entre les autorités taïwanaises et certains pays occidentaux, notamment les États-Unis, une menace à son intégrité territoriale. Lors de la rencontre le 5 avril aux États-Unis, entre le président de la Chambre américaine des représentants Kevin McCarthy, et la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen, les tensions se sont ravivées.
Par la suite, c’est l’Union européenne, les États-Unis ou encore le G7 qui ont envoyé un message à Pékin, invitant le régime chinois à maintenir le statu quo dans le détroit de Taïwan, qui sépare le territoire insulaire de la Chine continentale. En effet, Pékin exerce une forte pression militaire et économique sur Taipei, depuis l’arrivée au pouvoir en 2016 de Tsai Ing-wen.
Le ton monte
« Nous entendons souvent des propos étranges, prétendant que la Chine défie l’ordre international fondé sur des règles, tente de modifier unilatéralement le statu quo dans le détroit de Taïwan par la force ou la coercition […] cette logique est absurde et ses conséquences dangereuses […] nous ne ferons aucune concession à ceux qui tentent de mettre à mal la souveraineté et la sécurité de la Chine. Quiconque jouera avec le feu sur la question de Taïwan finira par se brûler », a martelé Qin Gang, le ministre chinois des Affaires étrangères, la semaine passée, lors d’un forum diplomatique organisé à Shanghai.
Il a ajouté que ce statu quo, défini par les Occidentaux, revient à « piétiner la souveraineté chinoise ». Par ailleurs, lors d’un entretien donné aux Échos début avril, le président français Emmanuel Macron avait exhorté l’Europe à ne pas « être suiviste » des États-Unis ou de la Chine sur la question de Taïwan. « Nous ne voulons pas entrer dans une logique de bloc à bloc », avait-il ajouté. Ses propos ont subi de lourdes critiques, et ce, des deux côtés de l’Atlantique par des représentants politiques, qui y voyaient une critique de l’allié traditionnel américain.
L’apaisement des tensions
Lors d’un échange téléphonique jeudi dernier, Emmanuel Macron et Joe Biden ont convenu de l’importance de continuer d’engager la Chine pour qu’elle contribue à la fin du conflit en Ukraine. Les deux chefs d’État ont « réitéré leur soutien sans faille à l’Ukraine face à l’agression brutale de la Russie ». Emmanuel Macron a également réaffirmé sa volonté de voir les Européens continuer « de se réarmer pour assumer leurs responsabilités dans le partage de fardeau de la sécurité transatlantique », d’après un communiqué de l’Élysée. L’appel était également une opportunité pour Washington et Paris d’apaiser les tensions, en ce qui concerne le déplacement d’Emmanuel Macron à Pékin.
En cas de conflit ?
François Chihchung Wu, ambassadeur de Taïwan en France, s’exprimait sur France 2, mercredi dernier, au sujet d’une potentielle attaque de la Chine, vis-à-vis de Taïwan. « La Chine a une ambition de dominer le monde, et pour dominer le monde, elle doit d’abord dominer l’océan Pacifique, et Taïwan joue un rôle clé pour la domination chinoise dans cet océan […] nous craignons une conquête, une invasion de la Chine, mais ce ne sera pas le scénario à la façon ukrainienne, parce que la capacité de défense de Taïwan est totalement différente, et il y a aussi le détroit de Formose qui nous sépare », a indiqué l’ambassadeur.
Interrogé sur les propos d’Emmanuel Macron au sujet de Taïwan, François Chihchung Wu a estimé que « si Taïwan est envahi par la Chine, la France ne sera pas capable de dire, “on est en dehors de ce conflit”, parce que vous avez aussi besoin des semi-conducteurs […] Taïwan et la France sont des pays démocratiques, nous travaillons et nous avançons ensemble ».