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L’alliance des pays émergents se réunira à la fin du mois d’août, en Afrique du Sud. Le « club des cinq » pourrait bientôt s’agrandir… Même la France d’Emmanuel Macron tente désormais de s’en rapprocher.

Substituer l’esprit de Bretton Woods par celui de Bangun. De l’Afrique à l’Amérique du Sud en passant par l’Asie ; la majorité mondiale envisage son avenir autrement.

« Il y a plus d’une douzaine de pays qui ont frappé à la porte du groupe des Brics. Nous avons atteint une étape assez avancée dans l’examen de l’adhésion de nouveaux membres », déclarait, en février, l’ambassadeur sud-africain pour les Brics, Anil Sooklal. Le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud ; réunis sous le sceau de cet acronyme, se félicitent du succès de leur entreprise commune. Le gouvernement russe compte d’ailleurs proposer, dès 2024, l’organisation de « JO des Brics ».

L’émergence d’une alternative

De nombreuses nations aspirent en effet à intégrer ce club, qui fait contrepoids au G7 occidental et japonais. L’Indonésie, l’Argentine, l’Arabie saoudite, l’Égypte, le Nigéria, la Thaïlande, le Kazakhstan, le Bahreïn, les Émirats arabes unis, le Sénégal ou encore l’Algérie. Le président Tebboune, tout juste rentré de voyage à Moscou, a d’ailleurs déclaré : « Nous souhaitons accélérer notre adhésion au groupe Brics, compte tenu de ses grands avantages pour notre économie ».

Dans son discours prononcé mi-avril, la nouvelle présidente de la Nouvelle Banque de Développement (Banque des Brics), Dilma Rousseff, souligne le récent dépassement qui vient de s’opérer. « En termes de parité de pouvoir d’achat, on estime que les économies des Brics sont collectivement plus grandes que l’économie globale des pays du G7 ». L’ancienne présidente brésilienne, proche de Lula, supervise l’institution nouvelle. Elle est à la tête d’une « réserve d’arrangement de devises » de l’ordre de 100 milliards de dollars.

La nouvelle banque des Brics

L’établissement, basé à Shanghaï, fait donc concurrence à la Banque mondiale de Washington. Une alternative qui œuvre principalement pour le développement de l’Afrique. Ainsi, la Tunisie a-t-elle récemment refusé l’offre du FMI, jadis incontournable, pour se tourner vers la NDB (New Development Bank). Preuve que les temps changent…

L’ouverture vers ce monde nouveau, surnommé « Sud Global », reste pour l’heure une chimère en Europe. Ainsi, seule la France semble s’intéresser aux opportunités des Brics. Emmanuel Macron, d’après L’Opinion, envisage de se rendre en Afrique du Sud, en tant que représentant d’un pays invité. Il serait le premier responsable occidental à participer à une telle réunion. Catherine Colonna doit visiter le pays dans les prochains jours… Un moyen de faire avancer cette proposition. Cyril Ramaphosa, le président d’Afrique du Sud, participera quant à lui au sommet pour un Nouveau pacte financier mondial, les 22 et 23 juin à Paris.

La France veut dire son mot

Si Emmanuel Macron réussissait à se faire inviter, il croiserait donc, en Afrique du Sud, Vladimir Poutine, membre de droit. Mais le Kremlin semble pour l’heure faire barrage… La porte-parole du ministère des Affaires étrangères de Russie déclare : « Ce serait bien qu’ils disent pourquoi ils veulent [se rendre à cette réunion]. Soit ils veulent à nouveau établir une sorte de contact pour montrer l’activité de Paris, soit il s’agit d’une sorte de cheval de Troie, qu’ils le disent eux-mêmes ».

Ce n’est donc pas gagné. Les diplomates doivent œuvrer pour réussir ce « coup » que l’Élysée prépare depuis longtemps. Et tant pis si les États-Unis, hostiles aux Brics, grincent des dents… Emmanuel Macron, tout en jouant le jeu atlantiste, semble opérer ces temps derniers un rapprochement avec Pékin. Dans le monde du XXIe siècle, mieux vaut ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier !

Vers la dédollarisation

Le grand combat des Brics ? La dédollarisation. Depuis l’exclusion de la Russie du système Swift, les pays du « Sud global » commencent à abandonner le dollar, monnaie de référence mondiale depuis les accords de Bretton Woods (1944). L’épée de Damoclès des sanctions américaines, qui pèse sur tous les pays qui utilisent cette monnaie pour leurs transactions, encourage les gouvernements à l’inventivité… Vers un nouveau modèle, avec une devise indépendante ?

Ainsi, le Brésil et la Chine échangent-ils désormais dans leurs monnaies respectives, le real et le yuan. Les Brics préparent un projet de contre-monnaie mondiale. Ils s’acharnent à convaincre la puissante Arabie saoudite de les rejoindre dans ce combat. Si demain, la monarchie pétrolière cessait de vendre son or noir en dollar, la face du monde en serait changée.

L’Occident, qui ne représente jamais que 20 % de la population mondiale, doit rester très attentif à ces évolutions. Considérer les aspirations du reste du monde comme nulles et non avenues reviendrait à se crever les yeux.

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