L'Allemagne n'aborde pas l'hiver avec sérénité

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La première puissance économique du continent serait-elle finalement un géant de papier ?

En France, nous n’avons guère de leçons à donner en matière économique. Mais nos voisins allemands, souvent cités en exemple, n’abordent pas l’hiver avec davantage de sérénité… Leur situation, à vrai dire, s’annonce même plus périlleuse.

C’est une silhouette qui faisait presque consensus. Elle dégageait quelque chose de rassurant. Jamais elle ne cherchait à séduire. Son ambition était surtout celle de durer. Angela Merkel. Chancelière fédérale d’Allemagne de 2005 à 2021. Soit 16 ans et 16 jours. Celle qui a quitté le pouvoir au sommet de la popularité fait désormais l’objet d’une sévère dépréciation. Par son obsession du statu quo et son aversion au changement, elle n’aurait pas suffisamment préparé l’Allemagne aux jours difficiles. Ses décisions énergétiques, du maintien de la dépendance au gaz russe à l’abandon du nucléaire, s’avèrent aujourd’hui très néfastes.

Il faut l’avouer : la première puissance économique du continent tousse en cet automne. Et ce n’est pas seulement parce qu’elle a du mal à se chauffer. Le successeur d’Angela Merkel, Olaf Scholz, peine à convaincre. La guerre en Ukraine l’a bien poussé à faire des annonces tonitruantes, comme par exemple sa volonté de faire de l’Allemagne « la première armée conventionnelle d’Europe ». L’ancien bourgmestre de Hambourg s’est également fendu, fin août, d’un discours sur la construction européenne qui se voulait « historique ». Sauf que pas grand monde ne l’a évoqué. Même en Allemagne…

Péril énergétique, récession économique

« Les signes se multiplient. » De l’aveu même de la Bundesbank, l’Allemagne connaîtra en 2023 une récession qui s’annonce comme une « baisse nette, généralisée et durable ». Rappelons que la récession se caractérise par un recul du PIB durant deux trimestres consécutifs. Principale cause de ce sinistre économique : la rupture unilatérale de l’approvisionnement en gaz russe. Un hydrocarbure dont l’Allemagne dépendait à 55 % avant la guerre en Ukraine. Olaf Scholz cherche donc par tous les moyens d’autres sources d’approvisionnements. Après s’être rendu au Canada durant l’été, il visitera ce samedi 24 l’Arabie saoudite. Dans le même temps, il a derrière la tête l’idée de raccorder son réseau à celui de l’Espagne. Mais la France refuse catégoriquement ce projet. Sur le plan intérieur, il n’est pas plus gâté. Le social-démocrate, aux prises avec sa coalition hétéroclite, qui compte tout à la fois des Verts et des Libéraux, doit composer sans cesse.

Robert Habeck, le ministre écolo qui effraie le monde économique

C’est ce qu’on appelle une gaffe. Invité d’un talk-show politique très suivi outre-Rhin, le ministre fédéral de l’Économie et du Climat, Robert Habeck (également coprésident des Verts), s’est pris les pieds dans le tapis. Après s’être plaint, durant l’émission, de « la difficulté qu’il avait à trouver du pain pour son petit-déjeuner », le ministre s’est lancé dans une analyse politique lunaire et carrément kafkaïenne.

Interrogé quant à la vague de faillites qui pourrait survenir à l’automne, face aux délestages et aux coupures dans l’industrie, le ministre a soutenu – contre l’évidence – que si les entreprises cessaient leur production sans se déclarer officiellement en cessation de paiement, elles ne tomberaient pas en faillite… L’animatrice l’a justement secoué : « Mais, si une entreprise cesse sa production, elle n’a plus d’argent. Et si une entreprise n’a plus d’argent, elle doit déposer le bilan, si elle ne le fait pas dans les deux mois, elle est déclarée en faillite… ». Le ministre accuse le coup, son propre regard semble empreint d’inquiétude. Une séquence qui tourne en boucle et qui inquiète fortement les milieux économiques.

Nationalisation d’urgence d’un géant gazier

L’économie allemande redécouvre des mots qui semblaient appartenir à un passé très lointain. « Nationalisation », par exemple. Afin d’éviter la perdition du géant gazier Uniper, étouffé par les sanctions russes, l’État allemand vient d’annoncer qu’il comptait en prendre le contrôle à « 99 % ». Berlin assure vouloir tout faire pour sauver « ce pilier central de l’approvisionnement énergétique allemand ». Sauver cette entreprise est un acte capital. Son trépas aurait provoqué, selon bien des économistes, un effet « Lehman Brothers » sur le marché énergétique.

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