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président du salon SME et d’en Personne Virtual
Les raisons de cet engouement entrepreneurial : « la soif d’indépendance, le développement technologique et l’abaissement des barrières administratives », défend Alain Bosetti.
Incontournable, le salon SME (anciennement Salon des micro-entreprises) accompagne les entrepreneurs dans leurs projets et développements. À l’heure de la Grande démission, du « slashing » et du « freelance » ; il fallait que nous interrogions Alain Bosetti, créatif président d’un salon plus que jamais au cœur des transformations économiques.
Vous présidez le salon SME depuis sa création en 1999. Comment vous est venue l’idée de créer un tel rendez-vous ? Qu’elles furent les grandes dates du changement dans l’entrepreneuriat ? Ce n’était pas tellement à la mode, à la fin des années 1990, de « monter sa boîte »…
A.B. : J’ai eu l’idée à cinq heures du matin, presque en me réveillant en sursaut ! Je travaillais alors en lien avec le groupe L’Express / L’Expansion, via mon agence de communication en Personne 360. Je voyais bien qu’il y avait un mouvement de fond, l’émergence d’un marché pour « l’entreprise en solo ». Et pourtant il n’existait aucun salon dédié pour rassembler cet écosystème et permettre le dialogue. C’était le tout début de quelque chose. Puis au fil du temps, on a constaté un vrai changement de mentalité. En 2003 d’abord, il y a eu la loi Dutreil. Jusqu’alors, pour lancer une SARL, il fallait un capital minimum exigé de 7 500 euros, ce qui ne se justifiait pas toujours. Avec la SARL à un euro, la loi de Renaud Dutreil a permis à beaucoup de gens de se lancer. En 2009, Hervé Novelli créait le statut d’auto-entrepreneur, nouvelle évolution considérable. La fiscalité est également devenue bien plus incitative.
L’engouement pour votre manifestation, jamais démenti, montre bien que de nouveaux publics se tournent vers l’entrepreneuriat. Le regard sur ce que l’on appelait autrefois les « TPE » (Très petites entreprises) est-il en train de changer ?
A.B. : Très clairement. Les chiffres de l’Insee le démontrent bien. La part des indépendants dans la population active augmente. De 9 % il y a dix ans, elle est passée à 11 %. Cela dit, la fin du CDI n’est pas pour demain ! Mais il y a une lame de fond : une demande forte vers davantage d’indépendance et même une remise en cause du salariat. Tenez, je suis en train de relire un peu Dan Pink, l’ancien conseiller d’Al Gore [ancien vice-président des États-Unis, NDLR]. Le concept de Free agent Nation, qu’il développe, est très intéressant. L’idée est d’aboutir à une société où de plus en plus de gens travailleront d’abord pour eux-mêmes, avec plus de liberté et de flexibilité qu’aujourd’hui. Jérôme Fourquet a écrit L’Archipel français (éditions du Seuil). Sans doute allons-nous également vers une économie toujours plus morcelée, bien qu’interdépendante.
Et justement, quelles sont pour vous les raisons de cet engouement nouveau pour la condition entrepreneuriale ?
A.B. : Je pourrais les lister en trois points. D’abord la soif d’indépendance. C’est une demande qui se fait de plus en plus pressante dans nos sociétés. Puis le développement technologique. Avec les moyens modernes, il est beaucoup plus simple d’être autonome. Un entrepreneur, aujourd’hui, peut gérer son entreprise grâce à un smartphone ! Ces nouveaux outils nous offrent presque le don d’ubiquité. Enfin, l’abaissement des barrières administratives, des taxes et des réglementations. Elles ont été beaucoup allégées, même si du travail reste à faire pour rendre toujours plus incitative la prise de risque.
Revenons au salon SME. Quels seront les grands axes de cette 23e édition ?
A.B. : Avec toujours la même ambition, celle d’ouvrir l’avenir des entrepreneurs, nous voulons permettre des rencontres qui peuvent potentiellement changer une vie. Après la crise sanitaire, c’est un véritable plaisir que de pouvoir enfin retrouver ce rendez-vous en présentiel, au Palais des congrès… et nulle part ailleurs. Nous proposerons plus de cent conférences, toutes très diverses. Il y aura des ateliers autour des questions de comptabilité de micro-learning, mais nous parlerons aussi de la « surcharge mentale » et de l’aspect psychologique du métier d’entrepreneur. Il y aura également des modules très précis et concrets : « comment passer du salariat à l’entrepreneuriat ? » est un exemple. On notera aussi la conférence « Future of Work », animée par Olivier Magnan, rédacteur en chef d’ÉcoRéseau Business. Il s’agira d’échanger ensemble sur les nouveaux codes des indépendants.