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Les bagagistes Delsey Paris et Samsonite voient d’un très bon œil la levée progressive du plan « zéro covid » chinois.
Après deux années compliquées, le marché de la bagagerie semble revenir d’entre les morts. Les touristes – privés de leurs virées exotiques pendant près de deux ans – s’agglutinent à nouveau dans les avions et les trains. Et pour les accompagner, quoi de mieux que de nouveaux bagages flambants neufs ? Le retour en fanfare de cette demande signe le réveil de deux marques au sommet, mais aussi l’arrivée de nouveaux acteurs.
Chérie, fais tes valises, on part en vacances ! Ce type d’annonce a cruellement manqué aux baroudeurs pendant toute la pandémie. Alors, à peine avait-on levé les restrictions liées à la covid-19 que le tourisme mondial repartait à la hausse. L’OMT (Organisation mondiale du tourisme) planchait sur un retour à 90 % du niveau d’avant crise sanitaire pour 2022. La France a fait mieux. Et les bagagistes en ont bien profité ! En ligne de mire maintenant, l’été 2023 et le retour des touristes chinois. « Le grand challenge de l’année », selon Maximilien Bayle, le directeur financier de Delsey Paris.
Les machines se remettent en route
Les deux leaders de la bagagerie mondiale ont quelque peu vacillé ces dernières années. Maximilien Bayle de Delsey Paris, parle même de « chute absolument incroyable des ventes » sur la période 2020-2021. Alors, pour se remettre d’aplomb, il fallait une grande année au bagagiste français. C’est chose faite. En 2022, Delsey enregistre 207 millions d’euros de chiffre d’affaires, soit une augmentation de 124 % par rapport à 2021. L’entreprise a même surpassé son bilan de 2019, la dernière année de référence. Côté rentabilité brute d’exploitation, elle est six fois supérieure aujourd’hui à celle d’il y a 4 ans. Tous les voyants clignotent au vert.
Pour Samsonite, même combat. L’entreprise américaine cotée à Hong-Kong a publié de glorieux résultats. Ils font état d’un retour au top. Avec 2 879,6 millions de dollars en ventes nettes, Samsonite fait bien mieux qu’en 2021 où elle peinait à dépasser les 2 000 millions. À la manière de Delsey Paris, sa rentabilité brute d’exploitation a aussi bondi. Ce qui prouve qu’en plus d’être plus performantes, ces entreprises sont plus profitables.
Des résultats qui s’expliquent par le retour des touristes mais aussi – étonnamment – par l’inflation. Sur ce marché, les vendeurs gonflent leurs prix sans pour autant décourager le chaland. Maximilien Bayle déclare d’ailleurs que Delsey Paris vend ses produits 30 % plus chers qu’avant le conflit russo-ukrainien sans trop d’incidence. À ce sujet, Noémie Bessec, la DG de la maroquinerie Latitude, dévoile son ressenti : « Les clients se restreignent plutôt sur les dépenses plaisir, comme les sacs à main, mais il y a une réelle envie d’acheter des bagages », avec « de moins en moins de restriction de budget », appuie-t-elle. Parfois, la frustration amène à de l’irrationalité !
Un grand écart sur la demande, l’offre s’adapte
Une autre raison qui pourrait expliquer la renaissance de Delsey et Samsonite : leur crédibilité. Ces dernières années, le marché de la bagagerie s’est « low costisé ». L’arrivée de valises à prix bas a forcé les deux marques leaders à revoir leur positionnement, plus haut de gamme. Et ça marche ! Après deux ans d’absence, les attentes des clients ont changé et le bagage devient un investissement sur le long terme. On veut pouvoir le réparer et l’utiliser pendant plusieurs années, il est donc important de l’acheter chez un fournisseur fiable. À ce sujet, Alexandra Le Creff, vice-présidente de la Fédération des détaillants en maroquinerie et bagages, estime que le marché est à la recherche d’un « produit de qualité » avec le service après-vente « qui va avec ». Delsey et Samsonite cochent ces cases.
Et pour grappiller encore d’autre parts de marché, les deux mastodontes prennent des chemins différents. Delsey a choisi d’aller encore plus loin dans l’esthétique. Le bagagiste parisien veut renforcer « l’élégance de la marque » en stylisant ses produits à la française. Samsonite prend le pari de la tech et propose à ses clients des sacs cabines connectés et équipés de ports USB.
Une chose est sûre, l’embourgeoisement du marché de la bagagerie ramène du monde. Les marques de luxe – qui jadis priorisaient les sacs à main – reviennent toucher leurs parts. Louis Vuitton a d’ailleurs lancé une campagne de pub ultra-remarquée qui met en scène Lionel Messi entouré de bagages monogrammés « LV ». L’objectif ? Toucher les jeunes dont le désir de voyager grandit à vue d’œil. Selon Eric Briones, directeur du Journal du luxe cela « constitue un créneau exceptionnel » pour le secteur.
Une tendance que suit Gucci ou Rimowa (une marque du groupe LVMH) par exemple. La valise devient donc un véritable élément de style, et c’est bel et bien ce qui la sauve après deux ans de disette !