Création d’entreprises : miser sur les réseaux

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Les porteurs de projets doivent compter sur la puissance publique

Les créations d’entreprises sont en plein essor en dépit de la crise sanitaire qui n’a pas découragé les porteur·ses de projets. Bien au contraire. Qui n’a pas dans son entourage quelqu’un qui songe sérieusement à devenir son·sa propre patron·ne et s’affranchir des contraintes hiérarchiques ? C’est du reste la ligne de force de ce pays « divisé » en 3,8 millions de micro, petites et moyennes entreprises ! Sans parler des poussées d’adrénaline et de la perspective de profits ! Une fois le projet bien ficelé, encore faut-il réunir les fonds pour concrétiser son rêve. Un apport est bien souvent indispensable, mais pas suffisant. Tour d’horizon des leviers de financement disponibles.

1 La love money et le financement participatif

La love money (littéralement l’« argent de l’amour ») constitue un moyen de financer son entreprise en renforçant ses fonds propres. Cette méthode consiste à faire appel à ses proches (amis, famille) pour qu’ils, elles s’impliquent financièrement dans le développement de l’entreprise en devenant actionnaires. C’est une source de financement majeure, mais il est recommandé aux porteur·ses de projet de ne pas s’en contenter. Bien souvent, ils et elles ont tendance, par prudence, à minimiser leur endettement, ce qui est une erreur. Il suffit en effet d’un petit aléa, comme un report de trois mois dans l’avancée du projet, pour le déstabiliser. Au-delà ? « Les porteurs de projet qui sollicitent nos services ont, en règle générale, déjà une expérience de l’entreprise. Les porteurs de projet en reconversion mènent déjà une carrière au sein d’un groupe et veulent désormais se mettre à leur compte. Il est nécessaire de réunir un apport personnel en adéquation avec son projet. Nous les accompagnons pour trouver le financement complémentaire auprès des banques », indique Vivien Boualem, directeur Réseau du courtier Michel Simond. Une analyse partagée par Benoit Fougerais, fondateur du courtier pretpro.fr spécialisé dans la franchise : « En règle générale, un candidat à la franchise finance son projet avec 30 % d’apport. De plus en plus d’entrepreneurs font appel au financement participatif. Les fonds ainsi récoltés, considérés comme des quasi-fonds propres, viennent en complément de l’apport, ce qui est apprécié par les établissements financiers. » Plus globalement, il est clair qu’un·e professionnel·e qui a déjà un ou deux succès de création d’entreprise à son actif bénéficie de plus de facilité pour décrocher un crédit. De même, obtenir le soutien d’un réseau de franchise facilite grandement l’obtention d’un crédit. Il est préférable d’emprunter tout de suite un peu plus que de se présenter 18 mois après auprès de sa banque pour solliciter une rallonge. Une telle démarche risque de laisser penser que le·la créateur·rice a mal dimensionné son projet, ou, pire, a mal géré les étapes. « L’estimation du besoin financier peut être vu dans le cadre plus global d’un accompagnement proposé par les réseaux », explique Marie Adeline-Peix, directrice exécutive en charge des partenariats régionaux, de la création et de l’action territoriale à Bpifrance. Qui attire volontiers l’attention sur Pôle Emploi qui est, lui aussi, un important contributeur au financement des créations d’entreprises grâce à l’assurance chômage, on n’y pense pas souvent. Une contribution perçue, en effet, durant la phase de création.

2 Bpifrance au cœur du réacteur

Ces dernières années, les pouvoirs publics ont considérablement renforcé les soutiens apportés aux créateurs d’entreprise avec la Bpifrance comme bras armé. L’une des missions de la Banque publique d’investissement – qui n’est du reste pas une banque au sens propre du mot – est de donner un accompagnement aux entrepreneur·ses, financé·es pour réussir leur création d’entreprise. Via les réseaux d’accompagnement et de financement de la création d’entreprise, la banque publique a accompagné plus de 140 000 porteur·ses de projets et contribué à la création de 50 000 activités. Bpifrance garantit près de 30 000 prêts bancaires dans le cadre de création ou de transmission d’entreprise. Elle informe, oriente les créateur·rices d’entreprise vers les réseaux d’accompagnement et de financement qui les soutient durant toutes les phases de leur projet. Propose des outils de financement. L’enjeu est d’importance : 80 % des entreprises soutenues sont en activité trois ans après leur lancement, alors que près d’une entreprise sur deux créée sans accompagnement disparaît dans les trois ans. « Pour le financement, nous soutenons un panel de dispositifs avec nos partenaires. En premier lieu, les prêts d’honneur, des prêts à taux zéro, sans garantie et flexibles conçus pour l’obtention d’un financement des besoins personnels du créateur-repreneur », précise Marie Adeline-Peix, Bpifrance. Un prêt d’honneur qui sera solidaire. Il s’adresse dans ce cas à un public fragile : demandeur·ses d’emploi, jeunes de moins de 30 ans, bénéficiaires de minimas sociaux et créateur·rices issus des quartiers prioritaires. Financé par Bpifrance, ce prêt va jusqu’à 8 000 euros, il doit être sollicité auprès des réseaux France Active, Initiative France et l’Adie. De tels prêts s’étendent jusqu’à huit ans, soit une durée largement suffisante pour assurer la montée en charge d’un projet de création. Bpifrance a créé en outre des prêts d’honneur de création/reprise, déployés par le réseau Entreprendre et Initiative France. « Ces deux dispositifs ont prouvé leur efficacité, j’encourage vraiment les porteurs de projet à les solliciter », souligne Marie Adeline-Peix.

3 Les réseaux en soutien

Les réseaux travaillent main dans la main avec Bpifrance, même si chacun développe ses spécificités. Les créateur·rices d’entreprise éloigné·es du marché du travail font partie des publics prioritaires de France Active. « Nous aidons ces entrepreneurs à accéder à des financements dans de bonnes conditions, en protégeant leur patrimoine personnel et en les conseillant », indique Jean-Dominique Bernardini, directeur de l’offre et du développement commercial de France Active. Parmi les services proposés, France Active favorise l’accès au crédit bancaire en mobilisant sa gamme de garantie d’emprunt bancaire. « Cette garantie rassure la banque encouragée à financer un projet qui ne rentre pas forcément dans sa grille de lecture. Au-delà des capitaux garantis, notre feu vert compte également comme argument de poids pour la banque qui sait que nous étudions les dossiers avec attention avant de les valider », argumente Jean-Dominique Bernardini. Le mouvement France Active est un acteur majeur du financement de l’économie sociale et solidaire. À ce titre, son offre de services s’adresse aux entrepreneur·ses engagé·es, que ces entrepreneur·ses créent leur propre emploi à travers leur entreprise ou qu’ils·elles deviennent dirigeant·es de structures à fort impact social, territorial ou environnemental. « Notre enjeu est de développer l’engagement de ces dirigeants qui créent ou développent leur entreprise. Pour les créateurs de petite entreprise, l’objectif est que le porteur de projet puisse générer son emploi avec un impact territorial, environnemental, ou sociétal positif », précise Jean-Dominique Bernardini. Concrètement, France Active va garantir un crédit bancaire jusqu’à 80 %. Pour un prêt bancaire d’un montant de 100 000 euros, le réseau garantit au maximum 80 % du prêt, soit 80 000 euros. Et sans caution personnelle. Son action est au surplus rapide. « Un entrepreneur qui entre en relation avec nos collègues présents dans toute la France est en mesure d’espérer une décision sur son projet dans le mois. En moyenne, les comités d’engagement se réunissent deux fois par mois. » Cette garantie a un coût : 2,5 % du montant garanti, en une fois. « Nos autres services, l’accompagnement, les conseils, la mise en relation avec des partenaires, des chefs d’entreprise, etc. sont, eux, gratuits. »

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

J’accepte les conditions et la politique de confidentialité

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.