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De l’événementiel au sein de l’hexagone, voilà une paire qui fonctionne. Les centres de congrès en France rassemblent chaque année des milliers de visiteur·ses.

Ces lieux spacieux, capables de s’adapter à plusieurs typologies d’événements, répondent aux problématiques actuelles. Primo, ils sont « sécuritaires », ce qui signifie qu’ils ont été labellisés par des cabinets d’expertises afin d’évaluer les risques en matière de transmission de la covid-19. Secundo, ces centres sont tournés vers l’avenir et s’impliquent dans une démarche écoresponsable relativement étendue : de la construction de bâtiments soucieux des normes environnementales au tri des déchets. Enfin, leur capacité d’accueil hors normes leur permet de recevoir divers événements en simultané. Une aubaine pour les congressistes !

 

Comment aborder l’événementiel en France sans évoquer Paris ? Son dynamisme, son patrimoine et sa modernité, en font un point de chute idéal en matière d’événements. Ce qui offre à la capitale la possibilité d’accueillir des manifestations internationales dans des secteurs majeurs. Comme la mode, la culture, les sciences, l’industrie, le high-tech ou le sport. Entre autres. Paris, c’est aussi « une ville très accessible avec une connectivité internationale sans égale », souligne Corinne Menegaux, directrice de l’Office de Tourisme et des Congrès de Paris.

 

Paris, l’épicentre des centres de congrès en France

Comment les centres de congrès se créent une place de choix dans l’événementiel ? pour la directrice de l’Office de Tourisme et des Congrès de Paris : « Avant tout parce qu’ils disposent déjà d’une place majeure dans le secteur à Paris ! » La recette du succès de ces centres de congrès tient  notamment à leur accessibilité et leur caractère évolutif : un centre de congrès peut réunir des événements de tailles multiples, contrairement à un manoir ou à un château.

Au total, on compte aujourd’hui 15 centres de congrès et d’expositions à Paris. Avec ses 700 000 m2 d’exposition totale, la capitale apparaît comme l’épicentre des centres de congrès en France. Sur une année normale (2019), on recense en effet « 434 salons, 1 192 congrès et 100 000 événements d’entreprise organisés dans Paris et sa région, de quoi générer plus de 15 milliards d’euros de retombées », développe la directrice de l’OTCP. Le rayonnement de la capitale en matière d’événements internationaux n’est plus à prouver. Car si ce type d’événement se tient à Paris, la fréquentation sera en moyenne 20 % supérieure.

 

L’événementiel parisien tourné vers le développement durable ?
L’année 2022 s’annonce sous les meilleurs auspices pour les centres de congrès parisiens. De grands événements sont déjà validés, comme le « Congress of the European Society of Medical Oncology – Esmo ». En septembre, l’événement avait réuni près de 30 000 personnes. Ou tout simplement des « rendez-vous récurrents, connus et attendus des congressistes – comme le congrès de l’Association dentaire française », rappelle l’OTCP.

Dans le petit milieu de l’événementiel parisien, on parle « d’éco-événements ». Mais concrètement, c’est quoi un événement écoresponsable ? pour la directrice de l’Office du Tourisme et des Congrès de Paris, un éco event’ conjugue « l’implantation de bonnes pratiques, des choix de prestataires éco-engagés et des nouvelles façons de se déplacer ». Bref, un objectif  de « mise en place d’un tourisme à impact positif ».

 

L’événementiel et l’après crise : « une reprise d’activité encourageante »

 

La satanée crise covid 19 a fortement bousculé la situation des centres de congrès en France. Une étude de la CCI Paris Île-de-France, parue le 15 octobre, indique toutefois un « retour d’activité progressif pour le secteur de l’événementiel ». Après 8 mois de quasi inactivité en 2021 – et 18 au total depuis 2020 – l’événementiel amorçait une reprise lente début septembre, dans des formats réduits. Le milieu enregistre tout de même une perte de 2,1 milliards d’euros pour l’ensemble des territoires.« En 2021, l’impossibilité pour les salons de se tenir en format physique jusqu’à mi-juin a entraîné l’annulation de 154 salons en présentiel et la transposition de 67 salons à distance.  Près de 3,4 millions de visiteur·ses et 39 000 entreprises ont annulé leur venue », déplore Corinne Menegaux

 

En juin, lors de la reprise, 6 salons se sont tenus au sein des 21 sites d’expositions et de congrès en région parisienne. Puis 3 en juillet et 48 en septembre. Malgré cette reprise, les salons franciliens sont toujours orientés à la baisse sur les 9 premiers mois de 2021. Sur l’ensemble des salons en France, on observe une baisse d’environ 80 % du nombre d’exposant·es et  -84,4 % de visiteur·ses. 181 salons physiques ont été annulés, 4 millions de visiteur·ses ne sont pas venu·es (50 % de la fréquence annuelle) et 44 000 entreprises n’ont pas pu exposer, toujours selon l’étude de la CCI Paris Île-de-France.

 

 

Une place durable pour les formats hybrides ?

La baisse des visiteur·ses étranger·ères à fortement impacté la France, capitale mondiale des centres de congrès. La fin 2021 amorce toutefois une reprise timide de l’activité internationale. Le « hub Europe », premier congrès international Congress and Convention Association (ICCA) depuis la pandémie, s’est tenu du 25 au 27 octobre. Avec en toile de fond deux préoccupations : quel futur pour la filière événementielle dans un contexte post-covid ? Et comment se réinventer face aux nouveaux défis d’après crise ?

 

Grâce à des formats « hybrides », peut-être. Cette 60e édition du congrès ICCA a choisi le forma multi-hub, le congrès se tenait simultanément en Afrique (Johannesbourg), au Moyen Orient (Abou Dabi), en Asie (Séoul et Nagasaki), et en Europe (Paris). Ce congrès est connu des professionnels, il représente plus grand rendez-vous des acteurs du congrès international !

 

« La crise sanitaire entraîne un changement de comportement dans l’événementiel et le voyage d’affaires. Les formats hybrides vont certainement se faire une place durable dans l’écosystème événementiel parisien ainsi que les événements autour de hubs par continent. La prise de conscience écologique va continuer à s’imposer comme fil conducteur des voyages d’affaires et de l’organisation d’événements », conclut la directrice de l’OTCP.

Les centres de congrès en région : quelles stratégies, quel développement ?

 

Hormis Paris, les centres de congrès ont aussi tout intérêt à se développer en région. Loin de l’effervescence parisienne, ces centres, souvent marqués par une identité régionale forte, sont des lieux uniques qui rassemblent chaque année des milliers de congressistes et d’exposant·es.

 

Ce rayonnement régional propose un large panel d’événements : de la médecine à Lyon à l’aéronautique à Toulouse. Certains de ces centres sont d’ailleurs présents dans des lieux d’exception : c’est le cas du centre de Rennes, installé au sein même du couvent des Jacobins. Organiser un événement en dehors de Paris, c’est également avoir l’assurance de contraintes financières moindres. Ces centres de congrès régionaux, impliqués dans les démarches RSE, répondent de manière ciblée aux problématiques d’un territoire. À chaque région son identité, à chaque congrès sa stratégie !

 

GL Events : la puissance d’un grand groupe au service des collectivités territoriales

Aujourd’hui, le groupe événementiel GL Events gère près de 30 sites dont 13 destinations. Ce partenariat est une véritable aubaine pour les collectivités, « il est très difficile pour une municipalité d’entretenir et de maintenir un palais des congrès ou un parc d’expositions », commente Arnaud Combes, directeur des sites auvergnats du groupe GL Events. Il s’agit d’un partenariat entre le public et le privé. Le premier mettant à disposition des infrastructures au second.

 

Autrement dit, les infrastructures appartiennent aux collectivités. Le groupe GL Events répond souvent à ces appels d’offres afin de pouvoir gérer les sites pour le compte de ces collectivités. Les sites sont gérés dans le cadre de délégations de services publics. Ce modèle comporte un réel intérêt financier pour les municipalités, « le groupe paie des redevances fixes et variables aux collectivités, explique Olivier Chanelle, directeur des sites toulousains, d’ailleurs on va être de nouveau en appel d’offre d’ici à la fin de l’année », ajoute-t-il. Ce format représente une véritable aubaine pour les municipalités.

 

 

Le centre de congrès de Clermont-Ferrand : un projet à trois millions d’euros tourné vers l’avenir

Le centre de congrès de Clermont-Ferrand, situé en plein cœur de la ville, est sur le point de réaliser de grands changements. Un projet de rénovation qui réunit le groupe GL Events et la mairie de Clermont-Ferrand, s’achèvera à l’horizon 2022. Ce projet comprend la rénovation complète des treize salles de réunion, de tous les espaces de circulation et des salles de séminaire.

 

L’objectif, relooker et rafraîchir ce palais des congrès construit il y a plus de vingt ans. Cette rénovation, c’est l’opportunité idéale pour développer et améliorer l’offre du site : « Je suis en train de faire correspondre l’aménagement, la décoration et le standing, avec la dimension naturelle de la destination Clermont-Ferrand », se réjouit Arnaud Combes. La localisation régionale du site constitue pour sa direction une véritable plus-value. « Cette identité régionale, il est important qu’on la relaie. Quand les visiteur·ses pénètrent dans l’enceinte du palais des congrès, il est indispensable que celui-ci raconte l’Histoire du territoire », affirme le directeur du site.

 

Le Polydome de Clermont-Ferrand est impliqué sur une démarche RSE, qui englobe les aspects sociaux et environnementaux. « Les client·es souhaitent travailler avec des acteurs impliqués », confirme Arnaud Combes, qui précise également que « les équipes de GL Events à Clermont-Ferrand souhaitent être actrices de cette transformation et de cette prise en compte d’un événementiel plus vertueux et plus respectueux ».

Palais des congrès : un avenir « multiforme » ?

Sur l’avenir des palais des congrès, Arnaud Combes est catégorique : « Ils doivent devenir des lieux ouverts sur le quartier et sur la ville ! » La dimension sociale est au cœur du discours du directeur du Polydome de Clermont, « les centres de congrès ne doivent plus être uniquement des espaces locatifs », confie-t-il. Arnaud Combes va plus loin encore, il souhaite redéfinir la fonction même de ces lieux, pour en faire « des lieux de vie, pas forcément tournés vers l’événementiel ». Mais concrètement, que doivent-ils devenir ? pour la direction du Polydome, la réponse est simple : des lieux d’expositions temporaires pour les artistes locaux, des lieux de découverte des produits de la région « pour permettre aux client·es de les acheter ».

En bref, ils doivent devenir des lieux « multimodaux, de multi activités, pour passer du b to b aux lieux grand public », estime Arnaud Combes. Cette posture multimodale est adoptée par certains centres de congrès en France. C’est notamment le cas d’Angers et de Lorient.

 

À Clermont-Ferrand, l’activité post-crise sanitaire reprend piano-piano. 19 événements ont été programmés entre le 9 juin et le 31 décembre. Pour la direction de l’établissement, ce qui fait la « recette du succès » de ce palais des congrès auvergnat, c’est sa « taille humaine ». Le Polydome peut aujourd’hui accueillir entre 600 et 800 personnes et offre 1 500 chambres ». Le marché des entreprises et des séminaires est relativement dynamique sur le site. « Les client·es et collaborateur·ices recherchent des lieux qui représentent les valeurs RSE », affirme Arnaud Combes.

 

À Toulouse, le MEETT rejoint le centre de congrès Pierre Baudis.

Le centre de congrès Pierre Baudis, basé à Toulouse, constitue un espace multi-fonctions. Puisque qu’il se compose d’une salle de réunion, d’une partie exposition/restauration et d’une salle atelier au plein cœur de Toulouse. Ce centre de congrès a la capacité d’accueillir près de 1 200 personnes. Ce complexe a récemment été complété par le MEETT (parc des expositions et centre de conventions) qui possède une capacité d’accueil de 4 000 à 5 000 personnes. Il permet à la ville de Toulouse d’accueillir des événements plus importants. Pour Olivier Chanelle, directeur des sites de Toulouse, le succès des centres de congrès repose notamment sur « leur capacité d’accueil évolutive et simultanée ». Ces lieux s’adaptent aux volumes, « je crois que c’est leur vraie plus-value ! », pointe Olivier Chanelle.

 

L’implantation des centres en région : une plus-value en matière de coûts

Le directeur du centre Pierre Baudis et du MEETT justifie, en partie, l’essor de l’implantation régionale des centres par des questions de coûts. « Cet aspect coût prend des proportions très importantes à Paris, pas uniquement sur le palais des congrès mais sur tout ce qui est annexe, précise Olivier Chanelle, l’hôtellerie, sur des périodes chargées à Paris, ce n’est pas tenable ! » Ce qui entraîne a fortiori une délocalisation du marché.

 

Une importance croissante accordée aux dynamiques économiques

Les centres de congrès ont la particularité de se tenir en fonction des dynamiques économiques des régions. « À Toulouse, nous sommes très pointus sur les thématiques liées au spatial et à l’aéronautique. Par conséquent, la plupart des congrès dans notre secteur se tiennent autour de ces sujets-là. », commente Olivier Chanelle.

Tandis qu’à Lyon se déroulent des congrès internationaux dans le domaine médical et scientifique. « Ces grandes thématiques sont centrées sur Lyon, secteur de pointe en neurologie et virologie », argumente Mireille Bonardi, directrice commerciale des sites lyonnais du groupe GL Events. La sortie de crise n’a pas été simple à Toulouse, mais l’équipe espère, grâce à « une année 2022 très soutenue », retrouver le chiffre d’affaires de 2019.

 

Palais des congrès de Lyon : pionnière en matière de transition écologique

Le palais des congrès de Lyon, très soucieux des normes RSE, a pris de nombreuses mesures pour s’inscrire dans une démarche plus durable. « Avant nous distribuions des bouteilles en plastique en salle de réunion, aujourd’hui nous avons nos propres bouteilles. Il n’y a plus de déchets plastiques dans nos locaux. Nous n’avons plus de poubelles dans nos bureaux », se félicite Mireille Bonardi. De son côté, Sylvain Douce, le directeur des sites de Lyon, a été nommé directeur de la filiale RSE pour l’ensemble des sites GL Events de Lyon, « voire pour l’ensemble de nos sites en France », renchérit la directrice commerciale des sites lyonnais. Les produits proposés lors des congrès à Lyon sont issus des traiteurs locaux. « C’est de la matière première locale », confirme Mireille Bonardi.

Les centres de congrès s’inscrivent dans le paysage événementiel puisqu’ils constituent une véritable réponse aux problématiques actuelles. Quelles soient liées aux coûts des événements, aux enjeux écologiques ou encore à la situation sanitaire. « L’essor des centres de congrès est apparu il y a quelques décennies maintenant, d’où le besoin récent pour de nombreux centres de congrès de réaliser des réinvestissements importants », explique le groupe Atout France. « Les modernisations et rénovations ont permis de s’adapter à une demande changeante. Les centres de congrès sont notamment devenus multifonctionnels : ils accueillent désormais des salons et autres événements professionnels de tous types qui nécessitent des espaces modulaires », développe l’agence. Le rayonnement des centres de congrès en France n’est pas prêt de s’interrompre.

 

Marion Mouton

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