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L’élection du discret et réformateur Joe Biden à la présidence des États-Unis marque sans aucun doute un véritable tournant pour les Américains. Aussi pour les entreprises françaises installées outre-Atlantique ou en liaison commerciale avec l’allié d’outre-Atlantique. Plutôt enthousiastes après quatre années de trumpisme. Elles ont certainement beaucoup à gagner du plan colossal de relance économique déployé par le nouveau locataire de la Maison Blanche. Même si la France reste aux yeux du puissant un petit partenaire.
La présidence Biden, une aubaine pour les milieux d’affaires tricolores installés outre-Atlantique ou qui rêvent de l’être ? Après quatre années des plus mouvementées sous l’égide de Donald Trump, les entreprises françaises s’attendent au moins à une présidence plus calme, avec l’arrivée au pouvoir du démocrate Joe Biden, et au mieux à un véritable « big bang » économique. Et pour cause : si « Sleepy Joe », pas si endormi qu’il n’y paraît, entend détricoter quelques mesures phares de l’héritage Trump qui ont pénalisé nos expatrié·es ou PME exportatrices, il se distingue aussi par l’annonce d’une série de mesures quasi révolutionnaires qui pourraient constituer autant d’opportunités pour nos entrepreneur·es. Tour d’horizon.
Exit le tour de vis migratoire et douanier ?
La présidence Trump a été marquée par des restrictions notables d’immigration, politique protectionniste oblige. Renforcées avec le confinement par un gel des cartes vertes et des visas de travail temporaires. « Un véritable enfer », reconnaît Laurence Ruiz, cofondatrice du cabinet Orbiss, spécialisé dans le développement des entreprises aux États-Unis, qui s’attend à un changement de telles mesures avec Joe Biden. À commencer par les démarches d’obtention des visas – au-delà du L1 plutôt dédié aux dirigeant·es –, les fameux E2, visas « investisseurs » qui n’ont pas totalement cessé sous Trump, mais avec des délais d’instruction plus longs « et une période validité raccourcie de cinq ans à… 25 mois ! », raconte la consultante, installée à New York. Toute la tech française d’outre-Atlantique escompte ainsi une facilitation de telles procédures d’ici à la fin de l’année 2021, même si la situation sanitaire n’offre guère de visibilité en la matière. De quoi compliquer toute démarche d’implantation. Un cadre plus apaisé qui devrait d’ailleurs aussi concerner les droits de douane, avec une trêve partielle des surtaxes qui pénalisent encore les importations de produits européens.
Une redistribution fiscale inédite…
Plus d’impôts pour relancer au plus vite l’économie américaine après la crise pandémique ? La réforme fiscale de taille lancée par Joe Biden s’impose d’ores et déjà comme le virage le plus marquant de sa présidence. Avec un taux d’impôt sur les sociétés qui devrait remonter de 21 à 28 % sur le plan fédéral ! Tandis que le prélèvement sur les filiales étrangères doublerait pour atteindre 21 %. « Plus encore, pour en découdre avec les paradis fiscaux, il souhaite appliquer une taxation minimale d’environ 15 % pour les multinationales en business via les États-Unis, GAFA en tête », note Laurence Ruiz. Les particuliers américains ne sont guère plus épargnés par une telle politique de lutte contre les niches fiscales au profit des classes moyennes et des familles : le 1 % d’Américain·es les plus riches, de plus de 400 000 dollars par an de revenu, devraient connaître une hausse du taux marginal fédéral d’imposition sur le revenu de 37 à 39,6 %, soit le taux qui prévalait sous Obama. Autant de mesures qui pourraient être aisément adoptées, « puisque le président démocrate bénéficie d’une majorité au Sénat que la vice-présidente, Kamala Harris, préside ». La consultante conseille aux entrepreneur·es français·es d’anticiper ce chambardement fiscal.
… pour financer un plan massif d’investissements
« Build Back Better, « Reconstruire mieux ». En investissant dans un plan de relance de 2 000 à 3 000 milliards de dollars pour remettre à neuf les infrastructures du pays – financé, donc, à coups de hausses d’impôts –, Joe Biden entend tout à la fois créer des millions d’emplois, tenir tête à la Chine et lutter contre le réchauffement climatique. Après avoir fait adopter un plan de sauvetage clé suscité par la pandémie, sa volonté de booster les investissements pour restaurer les routes, ponts, voies ferrées, ports et aéroports – équipements vieillissants aux États-Unis – tout en dopant d’autres secteurs phares (santé, eau, éducation, logement), a de quoi interpeller plus d’un·e Américain·e. D’autant que la transition écologique sera, à chaque fois, de mise d’après Biden qui entend rejoindre l’accord de Paris et revenir sur le retrait opéré par Trump. On l’a entendu à la COP26, même si sa façon de s’en remettre à « Dieu » et de s’endormir en plein congrès trahissent l’énergie peu renouvelable de celui qui ne dépassera sans doute pas un unique mandat. L’objectif final reste de viser ni plus ni moins une baisse de 50 % des émissions de CO2 d’ici à 2030 ! « Le plan prévoit d’amplifier – outre la construction durable pour faire face au changement climatique – la révolution des véhicules électriques », illustre Laurence Ruiz. Entre autres par le déploiement de 500 000 bornes en dix ans ! Autant de besoins en équipements auxquels pourront répondre les entreprises françaises installées sur place ou depuis la France. En particulier celles en pointe sur les technologies vertes et les mobilités du futur qui ont définitivement une sacrée carte à jouer… si Emmanuel Macron ou son ou sa successeur ne laissent pas la tech française bananée par des alliés plus fréquentables.